Comment le Maroc entend mettre fin au phénomène des enfants abandonnés

7 novembre 2022 - 08h20 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’abandon des enfants nés hors mariage est un phénomène social qui prend de l’ampleur au Maroc. Les autorités prévoient d’instaurer une nouvelle mesure pour obliger les parents de ces enfants à assumer leurs responsabilités.

L’enfant abandonné est le « le résultat de l’erreur de deux personnes. Il est un citoyen en bonne et due forme et devra être pris en charge » par ses parents biologiques « jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 21 ans », a déclaré cette semaine le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, lors d’une rencontre organisée par la Fondation Lafquih Titouani. Le responsable ajoute que « si c’est la mère qui assure la garde, le père devra payer cette indemnité ».

La mesure sera introduite dans le Code pénal et permettra de réduire ce phénomène et surtout, de responsabiliser davantage les parents concernés. « La fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans. C’est mieux que d’abandonner l’enfant dans la rue », fait observer Ouahbi. Chaque année, environ 3 000 enfants naissent hors mariage au Maroc, selon les données collectées par l’association « Insaf », une situation qui contribue à l’augmentation constante du taux d’abandon.

À lire : Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

L’ONG relève aussi une hausse considérable du nombre de mères célibataires qui finissent souvent par abandonner leurs enfants. Quelque 70 enfants de mères célibataires sont abandonnés par jour, note-t-elle, soulignant le caractère quelque peu tabou de la question des relations hors mariage dans une société musulmane, cet acte étant considéré comme « un grave péché religieux, une violation de toutes les normes sociétales », explique « Insaf ».

Il s’agit d’une « affaire tragique » qui concerne toutes les femmes de toutes les classes sociales, ajoute l’association qui note que « le Maroc a adopté plusieurs conventions internationales pour la protection des droits de l’Homme, des femmes, des enfants… Néanmoins, la réalité n’embrasse pas, tout à fait, ces avancées consacrées par ces différents instruments juridiques. C’est pour cela que le Souverain n’a pas manqué d’évoquer, dans son dernier Discours du Trône, les lacunes contenues dans le Code de la Famille ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Moudawana (Code de la famille) - Enfant - Mariage - Abdellatif Ouahbi - Code pénal marocain

Aller plus loin

Relations hors mariage au Maroc : appel à l’abrogation de l’article 490

Les membres du collectif 490 sont montés à nouveau au créneau pour réclamer « l’abrogation pure et simple » de l’article 490 qui participe « significativement au sentiment...

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour...

Maroc : voici la position du CNDH sur les relations sexuelles hors mariage

Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), affiche son opposition à la pénalisation des relations sexuelles hors mariage. Elle estime que...

Que pensent les Marocains des relations sexuelles hors mariage ?

Au moins trois Marocains sur quatre estiment que les relations hors mariage sont très répandues au Maroc. C’est ce que révèle une enquête sur « les libertés individuelles,...

Ces articles devraient vous intéresser :

Hôtels au Maroc : la fin du certificat de mariage ne plaît pas à tout le monde

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels est loin de faire l’unanimité. Alors que certains Marocains ont célébré cette évolution comme une étape vers plus de liberté personnelle et de vie privée, d’autres estiment que...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Réforme du Code de la famille au Maroc : vers une égalité parfaite hommes femmes ?

Le roi Mohammed VI a adressé mardi 26 septembre une Lettre royale au Chef du gouvernement, annonçant une révision approfondie du Code de la famille (Moudawana), près de 20 ans après celle opérée en 2004.

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.