Cette coupe devait être celle de la fraternité, du sport et du réveil de l’Afrique, mais aujourd’hui, elle sera également celle de la corruption et des pots-de-vin. Avec les arrestations opérées hier au sein de la Fifa et cela à la demande d’un juge américain, les Marocains ont aujourd’hui le droit de demander des comptes à l’organisation internationale.
Lors de l’attribution de la coupe du monde, qui avait été promise par Sepp Blatter à l’Afrique, trois pays étaient en concurrence, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc. Bien avant le début des votes, tous les spécialistes savaient que seuls l’Afrique du Sud et le Maroc avaient des chances d’obtenir l’organisation de la compétition, l’Egypte était éliminée d’avance. Le 14 mai, soit le jour du vote, l’Afrique du Sud obtient 14 votes, le Maroc 10 votes alors que l’Egypte repart bredouille.
Pour avoir cette coupe du monde, le gouvernement sud-africain a, selon la justice américaine, versé 10 millions de dollars à Jack Warner qui dirigeait à l’époque l’Union caribéenne de football (CFU) mais aussi la Confédération de football d’Amérique du Nord, Centrale et des Caraïbes. Cet argent était officiellement destiné à soutenir la diaspora africaine, mais en réalité il a servi à acheter des voix.
« Ce versement avait pour contreparties les voix de Warner, du conjuré n°1 et du conjuré du n°17 en faveur de l’Afrique du Sud, plutôt que du Maroc, pour organiser le Mondial 2010 », explique la juge américaine, soit trois voix pour le compte de l’Afrique du Sud au détriment du Maroc.
Du côté sud-africain, on nie tout achat de voix. Réagissant hier, le gouvernement a estimé que toutes les accusations sont sans fondements, demandant au passage à la justice américaine de fournir des preuves de ce qu’elle avance. Du côté marocain, aucune réaction officielle n’a été publiée, mais des voix s’élèvent pour demander à ce que justice soit faite !
Le Maroc pas tout à fait innocent
Les dirigeants marocains ne sont pas si innocents que ça. A y regarder de plus près, le royaume est soupçonné d’avoir acheté au moins une voix pour la Coupe du monde 1998, organisée finalement par la France.
Dans les mois qui ont précédé le vote, le Maroc a acheté la voix d’un membre du comité de la Fifa. La justice américaine écrit :
Blazer (Chuck Blazer, ancien président de la Concacaf) était présent quand un représentant de la candidature marocaine a offert un pot-de-vin au co-conspirateur #1 en échange de sa promesse de voter pour le Maroc lors du comité exécutif désignant l’organisateur du Mondial 1998. Le co-conspirateur #1 a accepté l’offre.
Pour la Coupe du monde 2010, le Maroc est également soupçonné d’avoir donné un million de dollars à Jack Warner, celui-là même qui a reçu de la part de l’Afrique du Sud 10 millions de dollars sous couvert d’aides en faveur de la diaspora africaine.
A y regarder donc de plus près, on remarque que le système de pots-de-vin était assez courant au sein de la FIFA, que ce soit de la part des européens que des autres pays "moins développés". Le vote au sein de l’instance, qui doit se dérouler aujourd’hui, nous renseignera sur la volonté de la FIFA de vouloir tourner définitivement la page de la corruption et du clientélisme.
En conclusion, ni le Maroc ni l’Afrique du Sud ne méritaient d’organiser la Coupe du Monde.