Le débat sur l’avortement relancé au Maroc
Une nouvelle proposition de loi sur l’avortement a été soumise il y a quelques jours au Parlement par le groupe du PPS. Elle entend non seulement réformer la loi sur...
Au Maroc, les interruptions de grossesse sont passibles d’une peine de prison. Pour preuve, six personnes sont jugées, actuellement, à Marrakech, pour des IVG clandestines.
Le quotidien français, "Le Monde", qui a enquêté sur le sujet, rappelle que l’avortement n’est autorisé au Maroc que si la vie de la femme enceinte est en danger. Toutes celles qui s’y engagent, en passant outre ce critère formel, sont soumises à la rigueur de la loi qui prévoit la prison ferme.
Malgré cela, l’Association marocaine contre l’avortement clandestin (AMLAC) affirme qu’entre "500 à 800 interruptions de grossesse sont pratiquées illégalement tous les jours dans le Royaume". Ces avortements, signale-t-elle, sont pratiqués, pour la plupart du temps, par des "herboristes" ou par des "faiseuses d’anges" ou, encore, "sous le manteau, dans les cliniques et dans les cabinets privés de gynécologie". Un tableau, sans doute préoccupant, qui renseigne, à bien des égards, sur la gestion difficile du phénomène par les pouvoirs publics.
La gynécologue Touria Skalli, Députée du Parti du Progrès et du socialisme (PPS), semble d’ailleurs confirmer le phénomène. Selon elle, "par manque de statistiques officielles, il est difficile d’avancer des chiffres" sur la question. L’élue du PPS dit porter une proposition de loi sur "l’interruption médicalisée de la grossesse" (IMG), autorisée en cas de viol, d’inceste, de handicap mental ou de malformation très grave du fœtus. Cependant, se désole-t-elle, cette proposition est encore bloquée au Parlement. A en croire l’élue et spécialiste de la question, "la mortalité maternelle ou les complications ne sont pas rares, liées qu’elles sont à des blessures de l’utérus, à des hémorragies internes ou à des infections dues à des méthodes artisanales, moins chères qu’un avortement médical". La preuve, sans doute, de l’urgence de la question.
D’après "Le Monde", 4000 dirhams, soit l’équivalent de 644 euros, suffiraient pour un avortement, par aspiration, dans l’un de ces cabinets de gynécologie, qui bâtissent leur réputation, en toute clandestinité, grâce au "bouche-à-oreille". Le quotidien cite, à cet effet, le témoignage de Meriem, jeune femme marocaine choquée par ce prix hors consultation.
Chafik Chraïbi est gynécologue. Fondateur de l’AMLAC et militant de longue date pour la légalisation de l’Interruption volontaire de grossesse (IVG), il précise que la plupart des avortements, au Maroc, se font par aspiration et non par voie médicamenteuse, contrairement aux pays où c’est légal. "Les médecins préfèrent l’aspiration qui rapporte plus d’argent et qui leur assure d’avoir retiré l’embryon", explique-t-il.
Pour une autre gynécologue ayant requis l’anonymat, l’ampleur que connaît le phénomène de l’avortement est dû au manque de connaissance des jeunes femmes, en matière de moyens de contraception. Cependant, il faudra aussi insister sur l’éducation sexuelle, appuie-t-elle.
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