30 ans d’arabisation du système scolaire, en vain. Les autorités marocaines ne sont pas préoccupées par la préservation de cet héritage dont les jalons ont été lancés dans les années 1980. Cette décision, rappelle le journal Libération, a été prise, en effet, à l’époque, pour renouer symboliquement avec l’identité nationale, après le Protectorat, et renforcer aussi, à l’échelle politique, le rôle des conservateurs face à la gauche contestataire.
Les réformes en cours dans le Royaume ne prennent malheureusement pas en compte cet héritage. Le drame est qu’une grande partie de l’enseignement supérieur et du monde du travail est plus portée vers le Français, la langue du colon, au détriment de l’arabe et de l’amazigh (berbère), les deux langues officielles au Maroc. En 2018, il comptait environ 12,7 millions de locuteurs français sur 35 millions d’habitants.
Il est également à déplorer que, dans le système éducatif marocain, les matières initialement enseignées en arabe le deviennent en français, sans transition. Cette situation, aussi curieuse qu’elle puisse paraître, se justifie par l’inscription, dans de grandes écoles étrangères onéreuses et d’expression française, des enfants de hauts responsables politiques, pourtant favorables à l’arabisation de l’enseignement.
Pendant que le Maroc néglige cette question stratégique de l’arabisation de l’enseignement, les conservateurs ne cessent de tirer sur la sonnette d’alarme. Pour preuve, lors de l’adoption de la loi-cadre portant sur la réforme de l’éducation et, votée, à la majorité, par la première Chambre du Parlement, tous les députés du parti islamiste (PJD), à la tête de la coalition gouvernementale, ont marqué leur mécontentement en s’opposant au vote des articles concernant l’alternance linguistique, et en remettant sur la table la question de l’identité nationale, relève la même source.