Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...
Conformément à une tradition bien établie, Amnesty International a rendu public, hier à Londres, son rapport 2007. Détaillant les avancées et les reculs des droits de l’Homme à travers le monde, ce document met en relief un certain nombre de facteurs qui ont influé positivement ou négativement sur le cours des évènements durant l’année qui nous a quittés et celle qui est en cours.
D’emblée, Irene Khan, secrétaire générale de cette ONG, donne le ton. "En 1941, rappelle-t-elle dans une note introductive au rapport, le président américain Franklin Roosevelt exposait sa vision d’un nouvel ordre mondial reposant sur quatre libertés : libertés d’expression et de culte, et libertés de vivre à l’abri du besoin et de la peur De nos jours, trop de responsables politiques foulent aux pieds les libertés et agitent une multitude de spectres effrayants : l’invasion des migrants, la différence inquiétante avec "l’Autre", la perte d’identité, le terrorisme, les "États voyous" dotés d’armes de destruction massive, pour ne citer que quelques exemples".
Le rapport en contient énormément d’autres. Le cri de coeur de la première responsable d’Amnesty International provoque aussi un haut le coeur. Nous vivons actuellement sous le diktat d’une peur qui « engendre la méfiance", "anéantit notre appartenance commune à l’humanité", "se nourrit [...] de visions à court terme et de la lâcheté".. Cette peur constitue d’ailleurs le fil d’Ariane qui relie les différents rapports sur les pays. Elle sous-tend donc celui traitant du Maroc. Un bémol néanmoins : Amnesty International déclare avoir pris acte du fait que "le gouvernement a commencé à examiner les recommandations formulées en 2005 par l’Instance Equité et Réconciliation". Ce qui constitue, en soi, un acte éminemment positif. A preuve, note le rapport, "le CCDH a commencé à communiquer aux victimes et à leurs familles les résultats des recherches effectuées sur 742 cas de disparition forcée que l’IER indiquait avoir élucidés. Il a poursuivi les investigations sur 66 cas en suspens , mais nul progrès n’a été accompli pour permettre aux victimes d’accéder à la justice et obliger les auteurs présumés des violations à rendre compte de leurs actes, deux questions qui n’avaient pas été abordées par l’IER".
Autre point qu’il conviendrait de présenter comme positif, "la dissolution des Groupements urbains de sécurité, une unité de police de proximité forte de 5000 membres accusée de brutalité puisque « plusieurs personnes seraient mortes après avoir été passées à tabac par des membres de cette unité, dont Hamdi Lembarki et Adel Zayati en 2005 et Abdelghafour Haddad en 2006".
Par ailleurs et tout en se félicitant des récentes réformes législatives visant à améliorer la condition des femmes, Amnesty rappelle que le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU qui a examiné en mai le rapport présenté par le Maroc a déploré que "certaines dispositions discriminatoires persistent dans la législation marocaine, particulièrement en matière de succession et en matière pénale". Ledit comité a également "reconnu les efforts accomplis par le Maroc pour combattre la violence domestique, mais a noté avec préoccupation que le Code pénal ne contenait aucune disposition spécifique qui érige cette forme de violence en infraction pénale".
Aussi mitigé est le constat dressé à propos de certainesarrestations et expulsions d’émigrants. Selon le rapport, « quelque 200 militants islamistes présumés ont été arrêtés et inculpés, dans bien des cas sur la base d’une définition imprécise du terrorisme" et "les expulsions illégales de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants se sont poursuivies".
En ce qui concerne la situation de nos concitoyens séquestrés dans les camps de Tindouf par le Polisario et ses commanditaires, la situation est pire. "En mai, rappelle Amnesty international, une mission du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme (ONU) s’est rendue dans les camps de réfugiés de Tindouf (sud-ouest de l ’Algérie). Dans un rapport confidentiel qui a été divulgué, elle recommandait une surveillance plus étroite de la situation des droits humains dans les camps. Les responsables d’atteintes aux droits humains commises les années précédentes continuaient de jouir de l’impunité. Le Polisario n’a pris aucune mesure pour remédier à cette situation". Là, ce n’est point de peur dont il s’agit, mais d’une volonté délibérée d’attenter à ce que l’homme a de plus précieux : sa dignité et sa liberté.
Libération - Ahmed Saaidi
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