Interpellé par un groupe parlementaire sur le droit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à participer aux élections au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a répondu sans détour.
Plusieurs Marocains quittent le pays pour le Canada. Ils payent même des intermédiaires, sachant très bien qu’entre les candidats à l’immigration et le gouvernement du Québec ou du Canada, ils n’ont pas besoin de payer pour ce service.
Les consultants en immigration se sont enrichis sur le dos des Marocains, et pourtant, on peut consulter simplement le site du gouvernement du Québec pour évaluer nos chances d’être acceptés comme immigrants au Canada.
Les gens, en arrivant au Canada, pensent à améliorer leur situation mais malheureusement la réalité est tout autre. Les statistiques montrent que cela prend en moyenne deux ans et demi pour qu’un Maghrébin trouve son premier emploi au Québec. Il y a 28 % de chômage chez les immigrants maghrébins.
Plusieurs professionnels marocains se trouvent au volant d’un taxi. Combien de familles sont brisées à leur arrivée au Canada, même chez ces riches marocains qui rentrent en tant qu’immigrants investisseurs finissent par perdre leur femme et leurs enfants et retournent au Maroc en laissant toute une histoire derrière eux. Il n’en demeure pas moins que cette réalité ne s’applique pas à la totalité, il y a quand même certains Marocains qui ont très bien réussi même si on peut les compter sur le bout des doigts.
J’aimerais vous parler d’un Marocain de Tétouan, entré au Canada en 1987, d’une famille très modeste, s’exprimant plus en espagnol qu’en français. Il est rentré au Canada avec un peu moins de cinq cents dollars dans ses poches, trouvant un travail comme représentant dans une compagnie d’informatique. Aujourd’hui, son ex-employeur est devenu son employé et sa compagnie fait 40 millions de dollars de chiffre d’affaires. Une des personnalités les plus respectées dans le milieu politique autant qu’économique.
M. Mohamed El Khayat n’est pas resté au Maroc, il a choisi de s’expatrier. Aujourd’hui ce Québécois d’origine marocaine est un bel exemple d’intégration réussie dans la société québécoise pour ses compatriotes.
Bien qu’il se considère aujourd’hui comme un Québécois et un Canadien à part entière, il se rappelle les difficultés qu’il a connues à son arrivée. En effet, le premier hiver lui a presque fait regretter d’avoir choisi le Québec, mais le plus difficile a été de trouver un emploi. Avec son diplôme en informatique, obtenu à Grenade en Espagne, il voulait à tout prix devenir vendeur de produit Apple. Il a dû utiliser bien des arguments pour convaincre le directeur commercial de Micro-contact, Gilles Tanguay, de l’embaucher. "M. Tanguay m’a fait confiance."
Il a reçu le titre de "Grand bâtisseur" en 2000, remis par le Bloc Québécois et le prix Immigrant du monde 2001, décerné par la Chambre de commerce et d’industrie du Québec métropolitain. Mohamed El Khayat réside dans la ville de Québec depuis 1987, après avoir transité par l’Espagne, le temps d’une formation en informatique de gestion.
Québec, capitale de la province de Québec, ville où siège le gouvernement provincial, attire peu d’immigrants. Si Montréal accueille 38.000 immigrants, Québec n’en reçoit que 1300 à 1400. Depuis quelques années, le gouvernement encourage les immigrants à s’installer.
D’après M. El Khayat, "il faudrait sensibiliser la population et les entreprises pour faciliter l’enracinement des nouveaux arrivants dans la ville de Québec", et pourtant il est très fier d’être Marocain. Il disait même que "lorsque nous étions jeunes, nous n’avions rien à manger. Ma mère, la nuit, réchauffait de l’eau nous faisant croire qu’elle nous cuisinait une soupe, mais elle ne faisait ça que pour gagner du temps en attendant que nous nous endormions."
Pour recevoir ses parents, Mohammed ne se contente pas de les attendre à l’aéroport mais il se déplace jusqu’au Maroc pour aller les chercher.
Aujourd’hui, il préside l’événement : un monde des affaires dont le président d’honneur n’est pas moins que le Premier ministre du Québec, Jean Charest.
Dans la ville de Québec, tout le monde l’appelle et le connaît par son prénom Mohammed. Il fait souvent les premières pages des journaux au Québec et comme disent certains, c’est le seul arabe qui fait la première page des journaux sans être accusé de terrorisme.
Abderrahim Khouibaba - Libération
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