Le puissant séisme qui a touché le Maroc dans la nuit du vendredi 8 septembre, n’a pas causé que des dégâts humains et matériels. Il affecte durement l’économie du royaume, en plein essor depuis une dizaine d’années.
La réussite de l’intégration Sud-Sud constitue une composante clef du succès pour l’ensemble de la région maghrébine, notamment en raison de ses effets en matière de création d’économies d’échelles, nécessaires pour pallier la faible taille des marchés domestiques des pays membres et d’accroissement des flux d’investissements directs étrangers vers les économies maghrébines, indique une note de l’Administration de la politique économique générale.
S’agissant de l’évolution des échanges au sein du Maghreb, ceux-ci ont enregistré une sensible décrue durant la décennie 1990. Alors qu’ils avaient atteint presque 473 millions de dollars, en moyenne annuelle, entre 1990 et 1995, ils ne représentaient que 332 millions de dollars, en moyenne annuelle, entre 1996 et 2000.
Cependant, bien que les flux d’échanges des pays maghrébins avec l’Union Européenne et le reste du monde aient, en moyenne, progressé plus vite entre 1990 et 2000, une dynamique encourageante des échanges intra-zone semble s’instaurer depuis 1998, illustrant ainsi une ouverture croissante des pays membres sur l’espace régional.
Ainsi, le taux de croissance des exportations intra-maghrébines s’est établi, en moyenne annuelle, entre 1998 et 2000 à 7,5%, après un recul de 1,8% entre 1990 et 1997. Vis-à-vis de l’Union Européenne, les exportations du Maghreb ont crû de 9,8% et 3,3% durant les mêmes périodes. Par rapport au reste du monde, le taux de croissance annuel moyen des exportations maghrébines a atteint 9,7% et 5,7% respectivement pour les deux périodes considérées. Du côté des importations, le même schéma d’évolution a été observé : le taux de croissance annuel moyen pour les échanges entre le Maghreb et ses partenaires de l’Union Européenne est de 4,8% entre 1998 et 2000, après 1,8% entre 1990 et 1997. Par rapport au reste du monde, ce taux est passé de 2,6% à 6,3% respectivement entre les périodes 1990- 1997 et 1998-2000.
Cependant, comparativement aux autres regroupements régionaux, les échanges intra-maghrébins ne sont pas suffisamment développés et demeurent encore marginaux : Le commerce global intra-maghrébin se limitait en 2000 à 0,6% des échanges extérieurs de la zone.
La note de la direction de la politique économique générale signale que les échanges entre les pays maghrébins ne dépassaient pas 3,1% des exportations globales de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. En 2000, le commerce intra-maghrébin demeurait encore faible par rapport aux échanges des pays de l’UMA avec l’Union Européenne. En moyenne, les pays de la région exportaient près de 68 fois plus vers l’Union Européenne que vers le Maghreb. Même ramené à la taille économique respective des deux zones qui sont dans un rapport de 1 à 27 (en parité de pouvoir d’achat), le degré d’intégration commerciale demeure insignifiant.
L’examen du commerce intra-maghrébin fait également ressortir qu’hors hydrocarbures, le volume des échanges réalisés par l’Algérie avec les pays maghrébins est marginal. De même, le Maroc est faiblement présent sur le marché tunisien des produits pour lesquels il dispose d’un avantage comparatif, notamment les produits de la mer qui sont quasi-exclusivement importés d’Italie.
Entre 1990 et 2000, malgré la proximité géographique, les produits énergétiques d’Algérie n’ont représenté, en moyenne annuelle, que 5% des importations marocaines de ces produits et seulement 0,5% des exportations totales algériennes.
Durant la même période, les ventes de produits agro-alimentaires sur le marché algérien n’ont représenté respectivement que 0,6% des exportations marocaines de ces produits et 0,3% des importations globales algériennes de produits agro-alimentaires. Paradoxalement, celles-ci proviennent à hauteur de 40% de la France et de l’Espagne.
L’essentiel des achats algériens de textile s’effectue auprès de la Turquie, de la Chine et de l’Espagne. Le Maroc et la Tunisie ne sont que faiblement présents sur le marché algérien : leur part de marché ne représente, respectivement, que 0,9% et 0,8% des importations de textiles de l’Algérie, soit seulement 0,3% des exportations globales marocaines de textile et 0,1% de celles de la Tunisie.
Malgré l’importance des produits chimiques dans les exportations marocaines vers l’Algérie (38% en moyenne annuelle, entre 1990 et 2000), celles-ci n’ont représenté que 0,8% de nos ventes globales et 2,8% des importations globales de l’Algérie de ces produits, indique la même source.
Ainsi, le commerce bilatéral entre les pays maghrébins est resté faiblement développé,alors que certains pays méditerranéens ont pu développer leurs échanges Sud-Sud. Chypre, la Syrie, la Jordanie et le Liban ont désormais un niveau d’engagement relativement élevé vis-à-vis de leurs voisins. La Turquie et l’Algérie viennent ensuite avec des niveaux d’intensité relative des échanges Sud-Sud plus élevés qu’avec l’Union européenne.
Par ailleurs, durant la période 1990-1996, une grande partie des échanges intra-maghrébins s’effectuait vers et au départ de l’Algérie : autrement dit, ce pays avait un niveau d’engagement relatif élevé vis-à-vis de ces deux voisins.
Depuis 1997 et jusqu’à 2000, le Maroc constituait la plaque tournante des échanges intra-maghrébins puisque plus de 70% de ces derniers s’opéraient au départ et à destination de notre pays. Hors hydrocarbures, le commerce intra-régional s’effectuait même pour plus de 50% entre le Maroc et la Tunisie au cours de la période 1997-2000.
La structure sectorielle des échanges entre les pays maghrébins est essentiellement dominée par les produits énergétiques dont la part s’est accrue de 37,9% en 1990 à 49,8% en 2000. La part des produits chimiques est passée de 10,4% en 1990 à 19,5% en 2000. Celle des biens issus de la sidérurgie et de la métallurgie a été portée de 6,4% à 10,4% entre 1990 et 2000.
En revanche, la part des secteurs d’activité (matériaux de construction, produits mécaniques-électriques, textile, biens agricoles) pour lesquels le Maroc et la Tunisie disposent traditionnellement d’un avantage comparatif certain, a tendance à se replier. De ce point de vue, les possibilités de diversification régionale seraient importantes. Néanmoins, le potentiel des échanges agricoles à l’échelle maghrébine pourrait être contraint par le caractère limité des ressources hydriques.
De plus, l’examen de la structure sectorielle des échanges commerciaux entre les pays maghrébins montre aussi que les échanges intra-maghrébins sont essentiellement unilatéraux .
Cette situation laisse penser que les pays maghrébins pourraient multiplier leurs échanges directs qui sont, en partie, complémentaires. En particulier, l’Algérie représente un marché pour l’agriculture et les filières agro-alimentaire et manufacturière du Maroc et de la Tunisie.
Les niveaux d’échanges intra-branches (c’est-à-dire à l’intérieur d’un même secteur d’activité) au sein de l’UMA sont relativement modestes. Néanmoins, le Maroc et la Tunisie ont développé une proportion non négligeable d’échanges bilatéraux de produits de qualités analogues mais classés dans des catégories différentes.
Libération
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