Photo : Jordi Cotrina - Sport.es
Slimani est revenue sur les raisons de son départ de la France, qui assure-t-elle, ne sont pas liées au racisme. « Nous avons déménagé, car je voulais que mes enfants (12 et 6 ans) aient un environnement comme celui que j’aimais enfant : la mer, le beau temps, une petite ville où l’on retrouve facilement ses amis… », confie la Marocaine à Sport.es, notant un racisme « plus ouvert » en France aujourd’hui. « Je ne sais pas s’il y a plus ou moins de racistes aujourd’hui, mais la réalité est qu’ils n’ont plus peur de l’admettre et de le démontrer publiquement », a-t-elle déclaré.
Parlant de racisme, l’écrivaine « évite de mettre les gens dans de petites cases ». « Je viens de tant d’endroits… parce que j’ai lu et appris de tant de cultures… Un Algérien est très différent d’un Marocain et un Marocain de Rabat peut être complètement différent d’un autre de Marrakech, qui peut ressembler beaucoup plus à un Espagnol qu’à n’importe quel musulman. Tout n’est pas noir et blanc ; en tant qu’écrivaine, je m’intéresse à la complexité », développe-t-elle.
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La Marocaine reconnaît accorder plus d’importance à l’histoire qu’au style dans ses ouvrages. « Comme je n’ai pas le don ni le style extraordinaire d’un Joyce ou d’un Proust, j’ai tendance à me concentrer davantage sur l’histoire que je vais raconter… Les nouvelles générations sont plus axées sur le récit », explique celle qui se considère comme une écrivaine à identités multiples. « Je suis une écrivaine francophone, française, marocaine, féminine, africaine, méditerranéenne, maghrébine… ».
L’auteure de « Le pays des autres », premier titre de la trilogie sur la colonisation et ses origines, vient de publier en Espagne « Miradnos bailar » (Regardez-nous danser), le deuxième roman de la trilogie. Elle dit se sentir comme une « étrangère » tout le temps. « Je me soucie de moins en moins de l’endroit où je vis. Nous avons beaucoup d’amis à Lisbonne et mon mari adore ça, mais ça m’est égal : je vis enfermée dans mon bureau ».