Le texte prévoit la création d’une agence nationale de régulation des activités liées au cannabis. Cette agence sera dotée de la personnalité morale et de l’indépendance financière. Il reviendra donc au régulateur d’œuvrer pour la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de culture du cannabis, de sa transformation, de sa commercialisation et des activités d’import/export. Bien que la création annoncée de cette agence soit une avancée, le projet de loi comporte quelques lacunes.
L’une de ses lacunes concerne l’achat des récoltes des cultivateurs. Le régulateur devrait détenir le monopole au niveau de l’achat des récoltes des cultivateurs, afin d’éviter toute spéculation sur les tarifs de vente. « Le marché légal du cannabis, tel qu’on le voit dans le monde, permet aux paysans d’atteindre 12 % du chiffre d’affaires définitif », fait savoir au journal L’Opinion une source proche du dossier. « Aujourd’hui, sur le terrain, l’agriculteur touche environ 1 % du chiffre d’affaires. Pour sa vente à l’étranger, cette part peut monter jusqu’à 4 %. Le chiffre d’affaires engrangé par le cannabis marocain illégal en Europe est de 120 milliards de DH. Le chiffre d’affaires agricole, c’est-à-dire ce que le fellah reçoit, ne dépasse pas les 5 milliards de DH », explique-t-elle.
Selon l’expert, ce projet de loi, qui vise à garantir des revenus raisonnables aux paysans, pourrait ne pas contribuer à une amélioration significative des rentrées des agriculteurs à cause de l’adoption de ce modèle d’acheteur unique. « Il serait judicieux d’ajouter un amendement qui permet la vente entre investisseur et paysan. L’agence pourra toujours vérifier les prix, fixer un minimum et contrôler le respect de ces mesures, tout en permettant une diversification de la demande. Je pense que ce volet de la loi gagnerait à être amélioré », suggère-t-il.