Le procureur général du Maroc, Al-Hassan Al-Daki, a interdit aux fonctionnaires et huissiers de justice d’installer et d’utiliser les applications de messagerie instantanée, et principalement WhatsApp, sur leurs téléphones professionnels.
L’opération "mani pulite" de Mohamed Bouzoubaa
Neuf juges suspendus, dont cinq devraient passer devant la cour spéciale de justice dans les prochaines semaines, tandis que 3 autres ont été mutés. En tout 11 juges, soit la moitié des juges de la cour d’appel de Tétouan, ont directement été sanctionnés pour leur implication dans le vaste réseau mafieux démantelé au début du mois d’août
C’est sur un ton grave que le ministre de la Justice, M. Mohamed Bouzoubaa, qui organisait sa deuxième conférence de presse en moins d’un mois, évoquera la sensibilité de cette affaire qui a révélé "l’implication de plusieurs hauts responsables appartenant à différents corps d’Etat".
La situation est grave, dira-t-il parce qu’il s’agit de hauts responsables de l’administration des forces de l’ordre, de la gendarmerie royale, des douanes, d’hommes d’affaires et d’un président de commune. Dès le 5 août, soit deux jours après le déclenchement de cette affaire, le ministre affirme avoir "dépêché une commission d’inspection à Tétouan composée de grands juges". C’est cette commission qui a élaboré le rapport préliminaire qui s’est "avéré suffisamment étayé pour permettre à la police judiciaire de mener son enquête", a déclaré M.Bouzoubaa.
Résultat de cette opération mani pulite (mains propres) : Mounir Erramach et 17 autres inculpés seront déférés par le procureur du Roi près de la cour d’appel de Tétouan devant le juge d’instruction. Parmi eux un préfet, des commissaires divisionnaires (2), des officiers supérieurs (4), des magistrats (5), des gendarmes (2), un agent technique de l’administration des douanes et un rédacteur judiciaire principal. A l’exception de Mounir Erramach, qui est un trafiquant de drogue notoire, tous les inculpés appartiennent au corps de l’Etat.
A ce sujet le ministre insistera sur deux points importants. D’abord sur la "qualité" des personnes impliquées chargées traditionnellement de la sécurité des citoyens et du bon fonctionnement de l’Etat. Ensuite sur les dispositions et les mesures prises par l’Etat pour contrer la corruption.
En d’autres termes, c’est la "ripouïsation" de la justice qui est ici mise en avant pour justifier la rapidité et le sérieux avec lesquels ce très épineux dossier est traité. "Le Ministère public n’hésitera pas à aller très loin dans l’exécution effective des directives royales", à savoir le contrôle rigoureux et la bonne gestion de la chose publique. Les personnes arrêtées qui sont toutes poursuivies pour association de malfaiteurs, trafic de drogue lié à un réseau international, tentative d’homicide avec préméditation et détention illégale d’armes, pourraient voir leurs rangs grossir dans les semaines à venir. "L’enquête est loin d’être terminée",, a déclaré M.Bouzoubaa qui a tout de même rappelé l’aspect insolite de cette affaire déclenchée suite à un règlement de comptes entre trafiquants. Une simple bagarre entre des membres du grand banditisme national qui s’est transformée en un quart de tour en affaire d’Etat.
Aux procès sur le terrorisme intégriste qui ont commencé le 21 juillet à Casablanca et qui se poursuivent à Rabat, vont s’ajouter ceux de plusieurs uniformes et de robes noires qui seront jugés par une cour spéciale "par attachement aux principes de l’égalité devant la loi et à la sacralité et l’honneur dont ils sont chargés", a expliqué le ministre.
Répondant à Libé sur "la surcharge" possible de la justice marocaine, le ministre a estimé que si la justice allait devoir compter sur neuf magistrats en moins pour faire son travail, l’important était de "mettre fin à l’impunité et de protéger l’Etat de Droit".
Libération (Casablanca)
27 Août 2003
Amina Talhimet
Ces articles devraient vous intéresser :