Face à l’augmentation des importations de tomates marocaines, les producteurs français expriment leur inquiétude et pointent du doigt une concurrence déloyale.
« Il faut absolument interdire les exportations de grains d’arganier ou du moins les taxer, car cela diminue la compétitivité du Royaume ». Zoubida Charrouf, la spécialiste du secteur, très impliquée dans le domaine depuis longtemps, est catégorique à ce sujet. Selon d’autres professionnels, beaucoup de pays importent les amandons du Royaume pour produire de l’huile d’argan chez eux. A l’étranger et particulièrement en Europe, on se retrouve avec de l’huile made in différents pays tels que la Tunisie, la France, l’Espagne et Israël.
Lequel notamment a fait planter une centaine d’hectares d’arganiers dans le désert du Neguev en 1984. Il semblerait qu’il soit devenu un fournisseur privilégié des grands laboratoires cosmétiques des pays du Nord.
En fait, la protection de la production marocaine, que ce soit des amandons ou l’huile qui en est extraite, passe par l’établissement d’une appellation d’origine car il y a d’énormes usurpations. La plus flagrante à laquelle personne n’a réagi, c’est le dépôt de la marque Argan par une entreprise à l’Institut national français de la propriété industrielle depuis 1983. Cette protection concerne les produits de parfumerie, cosmétiques et d’hygiène. Ainsi, selon la réglementation en vigueur, personne n’a le droit aujourd’hui de commercialiser ou d’utiliser une marque renfermant le mot Argan.
6.000 arbres par an
Outre l’obtention d’une indication géographique pour l’huile d’argan, le développement de la filière et la préservation de la production marocaine passent également par le reboisement de la forêt d’arganiers, surtout que l’on enregistre 600 ha environ de perte par an et la diminution de la superficie pourrait atteindre 32 à 42% de la superficie actuelle d’ici 2007. A l’origine de cette situation, le remplacement de l’arganier par des cultures intensives telles la tomate et les agrumes dans certaines zones. Fort heureusement aujourd’hui, bien après que sa forêt a été classée en zone de biosphère par l’Unesco, on assiste à un réveil du côté des pouvoirs publics comme chez les ONG. Preuve en est le programme de reboisement entamé. Dans le Souss, plusieurs opérations du genre sont menées actuellement dans le cadre de partenariats entre institutionnels, société civile et coopération étrangère. A Tiout dans la région de Taroudant, la plantation de 6.000 arbres par an pendant trois ans est prévue. Du côté de Tafraout, précisément à Ameln, 4.000 arganiers au total ont été plantés.
Deux opérations auxquelles participent la Fondation du Sud pour le développement et la solidarité, une ONG très active du Souss. A noter que c’est au XIIIe siècle que le médecin égyptien Ibn Al Baytar a remarqué l’arbre exceptionnel qu’est l’arganier et en a fait la première monographie décrite dans l’histoire. Aujourd’hui, les recherches des scientifiques sont de plus en plus approfondies et révèlent de nouvelles et étonnantes vertus de l’huile extraite des fruits de l’arganier.
Malika ALAMI - L’Economiste
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