Troisième édition du genre, cette manifestation, baptisée "AutoExpo" qui s’est achevée dimanche, a rassemblé en huit jours quelque 100.000 visiteurs venus s’enquérir des nouveautés présentés par la trentaine de constructeurs commercialisés dans le royaume.
Avec un parc de seulement 1,6 million de véhicules, dont la moyenne d’âge dépasse 15 ans, pour une population de 30 millions d’habitants, le Maroc, comme l’Algérie voisine, est un marché jugé à fort potentiel par de nombreux constructeurs, notamment européens.
Dominées par Fiat, Peugeot-Citroën, Renault et Volkswagen, les importations des voitures neuves ont enregistré en 2001 une progression de 8% avec 25.311 véhicules vendus sur un marché aux caractéristiques singulières.
Le Maroc est en effet l’un des rares pays africains à avoir mis en place une politique industrielle automobile dès le lendemain de son indépendance en 1959 avec la création de la SOMACA (Société marocaine de construction automobile). Conjointement détenue par l’Etat marocain (38%) et des constructeurs étrangers comme Fiat (20%), Peugeot (20%) et Renault (8%), la SOMACA, qui emploie un millier de personnes, a assemblé quelque 22.000 véhicules particuliers l’an dernier, un chiffre en hausse de 14% par rapport à 2000.
Produits phares de la SOMACA, les "voitures économiques" montées localement ont un prix d’attaque de 7.500 euros. Particulièrement compétitif, ce tarif représente encore trois ans de salaire minimum contre dix mois en Europe occidentale.
L’industrie automobile marocaine a toujours bénéficié du soutien des pouvoirs publics, qui ont imposé que 50% des pièces de la "voiture économique", commercialisée notamment sous le label "Fiat", soient assemblées le sol marocain. Ce projet industriel a été lancé en 1995 pour contrecarrer l’importation massive de voitures d’occasion en provenance d’Espagne et de France.
"En 1995, avec 90.000 voitures d’occasion importées et seulement 10.000 voitures neuves vendues localement, le Maroc était devenu le dépotoir de l’Europe" rappelle Abdelatif Ajana, président de la Fédération automobile marocaine.
Si la compétitivité de la "voiture économique" marocaine, subventionnée par un régime douanier favorable, a su reconquérir le coeur des automobilistes marocains, les experts du secteur considèrent que les jours de la SOMACA, sous sa forme actuelle, sont désormais comptés.
Depuis mars 2000, le Maroc est en effet lié par un accord de libre-échange avec l’Union européenne qui prévoit un démantèlement douanier d’ici 2012, y compris pour les véhicules particuliers, actuellement taxés à 32% de leur valeur.
L’intérêt du marché marocain se retrouvera renforcé d’autant pour les importateurs alors que la SOMACA, qui devrait bientôt être totalement privatisée en partenariat avec un constructeur étranger, devrait se recentrer vers des activités de sous-traitance. Jugé "stratégique" par les autorités marocaines, ce secteur à forte valeur ajoutée a déjà donné lieu à d’importants investissements d’équipementiers étrangers (50 millions d’euros en 1999)