Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.
L’histoire de la Française d’origine marocaine, violée et retenue pendant six mois à Dubaï, sous l’accusation de « relations sexuelles hors mariage », est significative du mode de fonctionnement de la justice aux Emirats arabes unis. Retour sur une affaire qui avait fait beaucoup de bruit.
L’affaire avait fait la Une de plusieurs journaux en Europe. Touria Tiouli, née en 1963 au Maroc, de nationalité française, élevée et scolarisée en France, divorcée, mère d’un garçon de 14 ans, a été retenue pendant six mois, à partir du 15 octobre 2002, à Dubaï par la justice émiratie. Motif : « relations sexuelles hors mariage ». Le calvaire de cette Française, d’origine marocaine, est très instructif du mode de fonctionnement de la Justice aux Emirats.
Tout a commencé le soir de l’anniversaire de l’intéressée. Elle se trouvait alors pour la troisième fois en voyage d’affaires aux Emirats arabes unis, où elle devait effectuer des travaux de comptabilité dans une entreprise française. Le soir de son anniversaire, Touria Tiouli décide de s’amuser dans une discothèque huppée et cosmopolite du centre. Elle connaît bien l’endroit. Elle connaît aussi le directeur de l’établissement, discute avec trois de ses amis qui lui offrent une consommation en début de soirée. Vers minuit, lorsqu’elle commande un taxi pour rentrer à son hôtel, les trois amis du directeur lui proposent de la raccompagner. Elle ne s’est pas méfiée parce que les hommes n’avaient pas cherché à la draguer. Mal lui en a pris. Car au lieu de prendre le chemin de l’hôtel, les trois hommes l’embarquent dans un quartier excentré, la violent à tour de rôle avant de la raccompagner à son hôtel au petit jour. Le lendemain, elle décide de porter plainte pour viol collectif. « Je pleurais, et j’ai vite compris que mon récit n’émouvait pas du tout les policiers », raconte-t-elle au journal français Libération.
Les trois agresseurs sont toutefois vite identifiés grâce au gérant de la discothèque et arrêtés. Vers seize heures, des policiers viennent chercher Touria Tiouli à son hôtel et lui demandent de revenir au commissariat pour un complément d’information. Elle est immédiatement arrêtée et emprisonnée dans une prison de femmes. Les trois accusés, membres de la haute bourgeoisie émiratie, l’accusent de prostitution et prennent un avocat très influent. Sur la foi de leurs déclarations, c’est la femme qu’on accuse. Les chefs d’accusation ne manquent pas : racolage, consommation d’alcool, prostitution. Et Touria Touili, qui pensait que son passeport français allait lui garantir un traitement équitable, a appris que la justice est souveraine aux Emirats. Touria Touili apprend également qu’une femme, qu’elle soit émiratie ou étrangère, ne peut monter dans une voiture avec un homme qui n’est pas de sa famille sans tomber sous le coup de la loi : amendes et prison. Après 5 jours en prison, le consulat français l’a fait libérer sous caution, mais elle n’a pas eu le droit de quitter le pays. Son passeport est retenu par les autorités de Dubaï, dans l’attente du procès. Touria Tiouli passe six mois à Dubaï assignée à résidence sous contrôle judiciaire, avant d’être libérée.
Les péripéties de son incarcération et assignation à résidence avaient été bien suivies par la presse. Le journal Libération a cité un « spécialiste du Golfe » qui apporte l’éclairage suivant : « il faut savoir qu’aux Emirats, les autres Arabes, mais surtout les Maghrébins, sont considérés comme des sous-citoyens. Parmi cette sous-caste, les Marocaines ont la réputation d’être des prostituées, car beaucoup d’Emiratis se rendent au Maroc pour consommer des jeunes filles ou des jeunes garçons ». Il faut également savoir qu’un étranger ne peut avoir raison contre un citoyen du pays, encore moins s’il s’agit d’une femme.
Aziz DAKI - Aujourd’hui le Maroc
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