Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué, jeudi, lors du 18ᵉ forum national de la jeunesse de son parti, les récentes déclarations du ministre de la Justice appelant à une...
De 14 sièges, sur les 325 que compte le Parlement, le Parti de la justice et du développement (PJD) va-t-il passer à 40 ? C’est le ferme espoir d’Abdelilah Benkirane, le plus médiatique – et le plus contesté – des dix-huit membres de la direction collégiale du parti islamiste autorisé.
Cet homme de 47 ans, licencié en physique, directeur d’école, père de six enfants (dont quatre adoptés, précise son épouse) s’attire les foudres des islamistes marocains "purs et durs", aux yeux desquels il n’est rien d’autre qu’un "collabo" puisqu’il jouerait le jeu du pouvoir.
Figure de proue de "l’islamisme apprivoisé", Abdelilah Benkirane se retrouve dans une situation comparable à celle de son "frère" d’Algérie, Cheikh Nahnah, leader du mouvement Hamas. L’un et l’autre ont choisi de composer pour exister et se retrouvent amenés à naviguer en permanence entre "soutien critique" et "opposition constructive" au régime.
Député de Salé, la ville-jumelle de Rabat, où il habite, Abdelilah Benkirane a toutes les chances de voir son mandat renouvelé. Souriant, chaleureux, l’homme sait parfaitement doser sympathie, roublardise, mauvaise foi et langue de bois.
Pourquoi donc le PJD ne présente-t-il des candidats que dans 56 des 91 circonscriptions que compte le Maroc depuis le dernier découpage électoral ? "Vous devez bien l’imaginer : pour ne pas risquer de remporter une victoire qui serait un raz-de-marée", répond-il, refusant d’admettre que le PJD, en bon stratège, a décidé de n’envoyer ses troupes que sur des objectifs à sa portée.
"On s’interdit de risquer d’être le premier parti du pays, de devoir former un gouvernement et devoir le diriger. Ni la conjoncture interne ni la conjoncture internationale ne nous le permettraient", soutient-il, en donnant pour preuve "ce qui s’est passé en Algérie après la victoire du FIS" et en y voyant la main de "l’étranger". "Dans l’intérêt de notre parti, insiste-t-il, nous devons y aller doucement". Le PJD envisage-t-il d’entrer dans le futur gouvernement ? "C’est une possibilité à laquelle nous pensons, avec l’Istiqlal, mais sans doute pas avec l’USFP, ce que nous sommes les premiers à regretter", répond-il.
L’allusion vise les attaques dont le PJD a été la cible en août, de la part du parti d’Abderrahmane Youssoufi, après qu’une série de violences attribuées à des islamistes radicaux s’est produite dans le pays. Des violences auxquelles Abdelilah Benkirane ne croit pas et qui, si elles ont bien eu lieu, auraient été le fait de "bandits sans culture, de détraqués", des faits divers sur lesquels "certains journaux francophones se sont empressés de sauter pour tenter de noircir notre image dans la société".
La polygamie ? Abdelilah Benkirane aborde le sujet de lui-même, pour égratigner au passage l’Occident sur lequel il a des idées arrêtées. "Au Maroc, la polygamie ne concerne plus que 1 % des couples à peine", affirme-t-il, pour le déplorer, car il connaît un certain nombre de jeunes filles qui se désespèrent d’être encore célibataires. "De toutes les façons, ce n’est pas pire que d’avoir des séries de maîtresses comme c’est le cas chez vous, au point que l’on peut dire que c’est devenu une culture en France". Et pourquoi ne pas encourager les Marocaines à prendre plusieurs époux, si l’on veut résoudre le problème des hommes célibataires ? Il paraît stupéfait, puis éclate de rire : "Jamais !".
Le Monde
Ces articles devraient vous intéresser :