Conjoncture : 2009, test pour les IDE

13 avril 2009 - 00h47 - Economie - Ecrit par : L.A

L’année 2009 s’annonce difficile pour l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE). Indéniablement, ce sont les avantages octroyés par les pays d’accueil qui déterminent le choix de l’investisseur. Le Maroc en est bien concerné.

Selon Aissa El Maniani, SG de l’Office des changes, les IDE ont connu à fin février une progression de 16% comparés à la même période de l’an dernier. A noter toutefois que le Haut commissariat au plan (HCP) prévoit une baisse des IDE de 5,4% en 2009, conjoncture internationale oblige ! Par ailleurs, les IDE se sont élevés, en 2008, à 314 milliards de DH contre 297,8 milliards un an auparavant. Le montant global des investissements étrangers au cours de la période 2002-2008 s’élève à une moyenne annuelle de 25,5 milliards de DH dont 22,3 milliards d’IDE.

Par pays d’origine, la France et l’Espagne accaparent, à elles seules, la part du lion. Elles représentent plus de 63% du montant global des IDE. Mais c’est l’Hexagone qui arrive en premier avec près de 50% -exactement 49,8%-. Quant à l’Espagne, elle compte 16,5% d’IDE au Maroc. En dépit de l’entrée en vigueur de l’ALE, les investissements américains restent timides à l’égard du marché marocain. La part des Etats-Unis s’élève à peine à 3%. Pour les pays arabes, ce sont les Emirats arabes unis (EAU) qui arrivent en tête avec 6,9%. Ils sont suivis par l’Arabie saoudite (1,6%).

En revanche, les participations arabes risquent d’être revues à la baisse en 2009. En témoignent les travaux de plusieurs projets qui sont à l’arrêt. Le dernier en date : celui du groupe émirati Emaar. Prévu pour le quatrième trimestre 2008 avec les premières livraisons en 2010, le projet de Rabat (Saphira) n’avance pas depuis des mois.

Par secteur, si l’on ne tient pas compte des privatisations, le tourisme vient en tête des secteurs qui drainent le plus d’investissements. En effet, l’attractivité de ce secteur remonte de la 2e à la 1re place avec une moyenne de 24%, en raison de l’intérêt croissant porté aux investissements dans ce secteur, notamment à partir de l’année 2004 et de la programmation du plan Azur. En revanche, une méforme s’annonce dans les investissements touristiques durant le 1er trimestre 2009.

A son tour, l’immobilier gagne en classement. Il passe de la 3e à la 2e place avec une moyenne de 22%. Par ailleurs, les transferts au titre des bénéfices ont tendance à augmenter d’année en année. Ils passent de 5,32 milliards de DH en 2002 à 7 milliards en 2008. Cependant, des observateurs font remarquer que les deux postes de dépenses (bénéfices et désinvestissements) risquent de compromettre le bilan devises des investissements étrangers au Maroc pour les années à venir. Pourvu qu’un effort de promotion des investissements soit entrepris pour amortir les sorties de devises. Aujourd’hui, « à 86% des dividendes attribués à des investisseurs étrangers, l’on s’interroge sur l’intérêt de ces investissements », avertit un opérateur économique.

De même, les spécialistes s’inquiètent de l’état du stock des investissements étrangers au Maroc et des dépenses en devises. A leurs yeux, le stock risque de s’essouffler si les réformes qui s’imposent ne sont pas entreprises à temps.

Dans tous les cas, un satisfecit semble se dégager de la politique du Maroc en matière de change qui est irréversible. « Nous sommes, à l’heure actuelle, dans un régime de convertibilité quasi totale du dirham. A fin 2008, sur 348,4 milliards de DH de dépenses en devises, seuls 16,2 milliards ont été autorisés directement par l’Office des changes, soit à peine 4,6%. Autrement, 95% des règlements en devises interviennent librement au niveau du secteur bancaire.

Tourisme : Grosse déprime

Si la Vision 2010 conforte l’investissement dans le tourisme, il n’en demeure pas moins qu’une méforme importante s’installe depuis début 2009 dans ce secteur. Les recettes de voyages ont baissé de 23% à fin février 2009 par rapport à la même période de 2008 pour un écart en valeur de plus de 1,7 milliard de DH. Par ailleurs, comparée aux deux dernières années, la répartition des recettes des IDE par secteur laisse voir un net recul avec moins de 54%. Les recettes d’investissement ont chuté de plus de 12,4 milliards de DH à un peu plus de 5,6 milliards. L’industrie accuse aussi un recul de 58%, l’énergie et les mines (-40,4%) ou encore les transports (-94,1%).

Source : L’Economiste - Tarik Hari

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Sujets associés : Investissement - Crise économique

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