Le plan d’expansion ferroviaire séduit les investisseurs qui sont prêts à financer les projets marocains. En témoigne la réussite par l’Office national des Chemins de fer (ONCF) d’une levée de fonds.
Les temps changent. Le Maroc séduit, mais il n’est pas le seul… Les investisseurs des pays du Golfe se ruent sur le Maghreb. Un engouement qui prend plusieurs formes. La plus emblématique, d’entre elles, a pour nom le Moroccan Infrastructure Fund (MIF). Un fonds d’investissement privé créé, en décembre 2006, par le Maroc, le Koweit et les Emirats et doté d’un capital d’un milliard de DH.
Le Maroc se taille la part du lion. « Ainsi, 85% du fonds seront dédiés au Royaume. Le reste sera injecté en Algérie et en Tunisie », d’après Lamia Boutaleb, présidente du MIF. D’une durée de vie de 10 ans, le fonds a pour cible les secteurs-clés de l’énergie, de l’eau, des télécommunications et des transports.
Lorsqu’on évoque le Maroc, le terme « attrait » revient souvent sur les lèvres des chefs d’entreprises contactés par L’Economiste. Il constitue une « bonne alternative de placement pour les investisseurs du Golf, surtout dans le tourisme et l’immobilier », commente le PDG du groupe maroco-émirati Somed, Mouatassim Belghazi. Même son de cloche chez les Bahreïnis de Gulf Finance House (GFH).
Attirer les investisseurs, c’est bien. Les retenir, c’est encore mieux.
La région Mena aura attiré plus de 747 milliards de DH en 2006. C’est L’Egypte qui détient le palmarès des flux avec près de 184 milliards de DH. Sur les 13 pays en lice, le Maroc décroche le quatrième rang(1). Le total des fonds injectés est d’environ 60 milliards de DH.
A tel point que les éloges ont fusé lors de la 11e session de la commission d’investissement de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) tenue à Genève en mars dernier. « Le Maroc s’impose comme 1er pays d’accueil des IED au Maghreb et 4e en Afrique, relate une note de la Cnuced.
Le Réseau euro méditerranéen des agences de promotion des investissements (ANIMA) dans son rapport 2006 esquisse une 1re piste pour fidéliser les capitaux. « Si la quantité des investissements directs étrangers est là, il faudra travailler à l’avenir sur sa qualité ». Autrement dit, il faudra affûter ses armes. La Cnuced propose d’abord « l’élaboration d’un code de l’investissement ». L’idée est de consolider et de clarifier les textes relatifs au régime général (simplification des procédures…). Une autre voie à creuser, la création d’une agence nationale de promotion des investissements. Le ciblage s’impose. Ainsi, les investissements seront canalisés vers les secteurs-clés identifiés par la stratégie industrielle du plan Emergence (aéronautiques, offshoring…). Le but est de lancer un système national d’innovation pour attirer des investissements technologiques à forte valeur ajoutée. « Une incitation fiscale pour les activités de recherche et de développement pourrait être salutaire », Observe Hassan Matai, directeur financier du groupe koweitien Burhan international construction. Le Maroc doit absolument avoir « un système fiscal souple accouplé à un système bancaire neutre et transparent », poursuit-il. Il y a de quoi booster encore les investissements. La concurrence se fait rude et chaque acte compte.
Mêmes si nos voisins directs ont, pour leur part, attiré moins d’IED en 2006. En Tunisie, les placements ont plus que doublé ces dernières années dans les services, le tourisme et les banques. Globalement, les capitaux arabes représentent plus de 20% du total des investissements en 2006.
La participation arabe a même largement dépassé celle de l’UE dans le secteur des services. Les multinationales du Golfe se positionnent. « Elles font des placements dans les secteurs porteurs comme le tourisme, l’immobilier, les télécommunications », explique Kamal Sebti, consultant économique indépendant. La prise de participation dans l’opérateur Tunisie Telecom par la filiale du groupe Dubai Holding, Tecom-DIG, confirme cette tendance. Elle a présenté une offre de 21 milliards de DH pour damer le pion à son unique concurrent, le français Vivendi Universal.
Contrairement aux Tunisiens, les Algériens sont à la traîne. C’est la « malédiction » de la rente pétrolière. Leur économie peine à décoller malgré « les revenus inattendus des hydrocarbures à la faveur d’un baril plafonnant à 80 dollars ». Pis, le pays attire moins d’investissements étrangers que la Tunisie et le Maroc. Les handicaps s’enchaînent : bureaucratie, imposition complexe, lente privatisation, système bancaire en difficulté (scandale de KhaliBank)…
Mena : Qui investit dans la région ?
« Les entrepreneurs US, entre 2003-2006, arrivent en tête d’injecteurs de fonds, avec plus de 287 milliards de DH. Israël s’accapare pratiquement les trois quarts des flux (208 milliards de DH) », d’après la Cnuced. L’Algérie, la Libye, la Turquie et l’Egypte accueillent dans une moindre mesure les investissements yankees.
Malgré l’accord de libre-échange, le Maroc demeure une destination périphérique. Ce sont les Européens, surtout les pays latins, qui investissent le plus dans la région Mena. Français, Espagnols et Belges ont un faible pour le Maroc. Les trois pays auront injecté sur la même période près de 90 milliards de DH. Les Italiens sont plus intéressés par l’Egypte. L’apport des Suisses et des Hollandais n’est pas négligeable. Ils disposent de multinationales très en pointe et très présentes dans la région (agroalimentaire, énergie, ingénierie…)
L’Economiste - Faiçal Faquihi
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