Les produits (fruits et légumes) d’origine marocaine, égyptienne ou turque ont été frauduleusement étiquetés comme étant d’origine espagnole et vendus sur le marché à un prix concurrentiel. Le parti socialiste espagnol (PSOE) a introduit au Congrès une proposition demandant au gouvernement de mettre en place des mesures pour mettre fin à cette fraude qui nuit aux producteurs locaux et au label espagnol, fait savoir El País.
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« Les producteurs sont menacés de faillite et la santé des consommateurs est également en danger, car après contrôle, des substances prohibées sont détectées dans ces produits qui se retrouvent dans les rayons de nos supermarchés », dénonce David Sanchez, président de l’Association nationale du secteur primaire (ANSEPRIM). Et d’ajouter : « L’avantage économique est énorme. Produire un kilo de tomates au Maroc coûte 6 ou 8 centimes en raison, entre autres, de la main-d’œuvre bon marché, ou de l’absence de règles de sécurité environnementale,… alors qu’en Espagne, cela peut coûter 30 ou 35 centimes au moins ».
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Pour Sanchez, cette fraude a pris des proportions alarmantes parce qu’aucun système de contrôle n’a été mis en place au port d’Algésiras ou de Motril par où passent généralement ces produits. Le président d’association souligne aussi le manque d’agents pour assurer cette mission quotidienne de contrôle sur des milliers de camions. Mais il est convaincu que le changement de l’étiquette sur les produits s’effectue sur place, sur le territoire espagnol, notamment dans des zones industrielles comme celles d’El Ejido (Almeria).
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« Il y a eu des cas très flagrants. Avant, ils mettaient directement la fausse étiquette espagnole au-dessus de celle qui indiquait l’origine marocaine du produit », explique pour sa part, Andrés Góngora, président de la Fédération des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs d’Almeria, posant le problème de la traçabilité des produits qui atterrissent dans les supermarchés espagnols, mais aussi dans les grands centres de distribution de Munich (Allemagne) ou de Perpignan (France). En Andalousie, où cette fraude est très prononcée, 838 contrôles ont été effectués et 448 000 euros de sanctions prononcées entre 2019 et 2021.