La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.
Les immigrants désireux d’obtenir en Espagne un titre de séjour supérieur à un an devront signer un "contrat d’intégration" si le Parti populaire (PP) remporte les élections législatives du 9 mars. Mariano Rajoy, l’adversaire conservateur de José Luis Rodriguez Zapatero, en a fait le point fort de son projet sur l’immigration, présenté mercredi 6 février à Barcelone. Par ce contrat, qui aura une "valeur juridique", le nouvel arrivant "s’engagera à observer la loi, à respecter les coutumes des Espagnols, à apprendre la langue (...), à travailler activement à s’intégrer et à retourner dans son pays si, au bout d’un certain temps, il ne trouve pas de travail".
Le projet exposé par le président du PP propose une double rupture dans l’attitude de l’Espagne face à l’importante immigration qu’elle accueille depuis huit ans. Par ce contrat, il met de fait un terme au laisser-faire observé par les gouvernements successifs à l’arrivée - principalement - de Latino-Américains et de Marocains. Entrés souvent avec un visa de tourisme pour pourvoir aux besoins d’une économie en mal de main d’oeuvre peu qualifiée - et parfois souterraine -, les immigrants installés en Espagne ont généralement pu régulariser leur situation grâce à une réglementation très peu exigeante. Conscientes des besoins en main-d’oeuvre, les autorités n’ont pas découragé leur venue ni stigmatisé l’immigration comme une menace.
Expulsion
De droite ou de gauche, lorsqu’ils évoquent l’immigration, les politiques en parlent positivement, mettent en valeur ce qu’elle apporte à la croissance et se font forts de lui réserver un bon accueil.
Le "contrat d’intégration" évoqué par M. Rajoy infléchit ce discours en mettant l’accent, pour la première fois, sur les "devoirs" des étrangers. En échange, il est vrai, les pouvoirs publics s’engageraient à favoriser leur intégration, à leur enseigner la langue et à les aider à se former pour trouver un emploi. De la même manière, le candidat conservateur s’est engagé à expulser les étrangers auteurs de délits, même s’ils ont un titre de séjour.
La seconde inflexion consiste à vouloir organiser une immigration qui s’est faite jusqu’ici de manière spontanée. M. Rajoy propose de créer une agence de l’immigration et de l’emploi qui superviserait la sélection, la formation et l’embauche dans leur pays d’origine de candidats à l’immigration par les entreprises espagnoles.
Le travail de terrain serait délégué à des agences privées, choisies par les entreprises désireuses d’embaucher, et l’agence centrale aurait une mission de surveillance de leur activité. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur de la distribution et de la restauration, vont déjà recruter du personnel dans leurs pays d’origine. Près de 200 000 ont été embauchés de cette façon en 2007. M. Rajoy propose de systématiser et d’encadrer cette pratique. Ce doit être, a-t-il expliqué, "une réforme complète des canaux d’arrivée des immigrés, car ceux qui existent aujourd’hui ont échoué".
Le Monde - Cécile Chambraud
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