Azzedine s’en est allé à quelques semaines de la réouverture de la cathédrale, en réhabilitation depuis plus de cinq ans après avoir été ravagée par un incendie le 15 avril 2019. Lui qui aimait rabâcher à ses collègues qu’il prendrait sa retraite après la livraison du chantier de Notre-Dame. « C’était le point d’orgue de sa carrière, son dernier chantier », confie au journal Le Parisien Ludovic Lebeau, directeur général adjoint de l’établissement public en charge de la restauration de la cathédrale. « Il me disait tout le temps : Notre Dame, c’est la fierté de ma vie. Il était tellement heureux d’être là », renchérit Marie Parant, restauratrice des peintures murales de la cathédrale.
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Le sexagénaire « copain avec tout le monde », a été « terrassé dans la nuit de vendredi à samedi (du 8 au 9 novembre) à son domicile par un grave accident de santé, il n’a pu être sauvé », détaille Philippe Jost, président de l’établissement public dans un message sur les réseaux sociaux. Comme son adjoint qui a salué l’« immense attachement à la France » de cet échafaudeur, le responsable garde d’Azzedine le souvenir d’un homme qui « incarnait véritablement l’état d’esprit de cette magnifique aventure humaine du relèvement de la cathédrale, état d’esprit d’engagement, d’unité, de solidarité, de proximité et de fierté ».
« Il devait être en retraite fin janvier. Notre-Dame, c’était pour lui la consécration d’une vie de travail commencée à 14 ans », raconte Hakim, le frère d’Azzedine, électricien sur le chantier de Notre-Dame. Didier Cuiset, patron de l’entreprise Europe Échafaudage qui employait Azzedine, ne tarit pas d’éloges : « C’était mon Azzedine, c’était plus qu’un salarié, il était comme un frère. Le gars joyeux du chantier qui respirait le bonheur ». « Toujours un mot gentil à tout le monde, il était notre soleil de Notre-Dame », confirme une collègue qui le surnommait « tonton », dans un post sur Instagram.
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Le décès de l’échafaudeur a suscité l’émoi parmi les ouvriers du chantier. « Aujourd’hui, c’est toute la grande famille de Notre-Dame qui est endeuillée, qui perd un des siens. Notre-Dame reconstruite lui doit beaucoup », affirme l’archéologue Dorothée Chaoui-Derieux, encore sous le choc. Rachida Dati, ministre de la Culture, a également réagi à la triste nouvelle, saluant cet « artisan du renouveau de Notre-Dame ». « Nous n’oublierons pas que c’est grâce à des hommes comme lui que Notre-Dame va retrouver son éclat », a-t-elle écrit dimanche sur X. Le Marocain avait pris une photo avec elle il y a quelques mois, lors de sa visite sur le chantier.
Michel Izard, grand reporter de TF1 décrit un « enthousiaste, volontaire, bienveillant », qui l’accueillait « toujours avec un grand sourire ». « On sent la gravité du moment pour lui. Sous ses pieds, il y a le vertige du chemin parcouru depuis son enfance dans la campagne marocaine qu’il adorait jusqu’au sommet de la cathédrale Notre-Dame de Paris qu’il vénérait », témoigne-t-il dans un message sur Facebook. Un « hommage à caractère privé » sera rendu à Azzedine ce mercredi en fin d’après-midi à la base vie du chantier pour honorer sa mémoire, avant son inhumation jeudi au Maroc. Azzedine laisse derrière lui deux enfants et deux petites filles.