Le don d’organes, un sujet encore tabou au Maroc

15 février 2021 - 23h20 - Maroc - Ecrit par : K.B

Le don d’organes demeure encore un sujet tabou au Maroc. Avec seulement 600 opérations de greffe, effectuées depuis 1986, la nécessité de décupler les efforts en matière de législation et de sensibilisation est plus que jamais nécessaire.

Selon Amal Bourquia, présidente de l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales REINS, 1 200 personnes, dont plus de la moitié à Casablanca, se sont portées volontaires, en s’inscrivant aux registres de don mis à la disposition des donneurs d’organes au niveau des différents tribunaux de première instance. Or, 600 patients ont bénéficié d’une greffe, tous organes confondus, depuis 1986, soit 17 personnes par million d’habitants.

La transplantation des organes permet non seulement de soulager des patients des contraintes médicales, mais également de prolonger l’espérance de vie en sauvant des milliers de personnes. Dans certains pays d’Europe, la greffe est désormais un recours «  usuel  » en cas de défaillance grave d’un organe vital. 5 781 transplantations ont été opérées en 2018 en France et 5 314 greffes en Espagne.

Le retard accusé dans un pays, où le nombre de décès faute de dons ne cesse d’augmenter, ne reflète guère « le niveau médical du Maroc ni la générosité des Marocains », souligne Amal Bourquia. Malgré l’introduction de la nouvelle loi en 1998, le nombre de candidats au don d’organes après la mort reste limité. Si, comme l’explique la présidente, « le don d’organes est un acte citoyen de générosité permettant de sauver des vies, que la religion encourage et que la loi encadre de façon très précise », comment expliquer alors cette réticence manifeste de la société ?

La communication fait encore gravement défaut au Maroc en matière de don d’organes, estime Bourquia. De nombreuses actions d’information ont été menées par l’Association «  REINS » via son site web et les 4 pages Facebook, pour sensibiliser la population et le personnel médical. Leur impact reste toutefois trop faible, en l’absence de mesures incitatives permettant aux Marocains de devenir « donneurs potentiels », abstraction faite des opposants. « C’est la seule voie qui pourrait aider à sauver les personnes en attente de greffe », a précisé Amal Bourquia.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Amal Bourquia

Aller plus loin

En Chine, des organes "halal" de prisonniers musulmans vendus à de riches clients du Golfe

La Chine prélève les organes des Ouïghours enfermés dans des camps et les vend aux musulmans fortunés d’Arabie Saoudite, du Koweït, ou encore du Qatar. C’est le triste sort...

Casablanca : A t-on obligé une famille à donner les organes d’un proche pour payer la facture ?

Un jeune homme d’une trentaine d’années a été admis dans une clinique de Casablanca, suite à un grave accident de la route. Trois jours plus tard, il est déclaré cliniquement...

Des Marocains vendent leurs reins pour 50 000 DH

Des réseaux criminels turcs de trafic d’organes humains en complicité avec des cliniques achètent le rein de jeunes Marocains démunis pour 50 000 dirhams. L’opération se déroule...

Les Marocains sont-ils prêts à faire don de leurs organes ?

Une enquête vient de révéler que 70 % des Marocains sont au courant de la possibilité de faire don de leurs organes après leur décès, contre seulement 30 % qui affirment ne pas...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : bonne nouvelle pour le personnel de la santé militaire

Au Maroc, le gouvernement a décidé de revaloriser les primes de risque attribuées au personnel de la santé militaire bénéficiant du statut de salariés des Forces armées royales (FAR).

Au Maroc, l’été rime avec piqûres de scorpion

La recrudescence des piqûres de scorpion dans certaines régions du Maroc, en cette période de canicule et de saison estivale, inquiète. Les spécialistes appellent les citoyens à prendre les précautions pour prévenir ces piqûres mortelles.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Le Maroc ouvre ses portes aux médecins étrangers

Des médecins étrangers pourront bientôt exercer au Maroc. C’est ce que vient de confirmer le ministre de la Santé Khaled Ait Taleb.

Maroc : mauvaise nouvelle pour les fumeurs

Sale temps pour les fumeurs marocains qui devront, une fois encore, passer à la caisse pour s’acheter leurs cigarettes. Cette augmentation vient d’être validée définitivement et doit entrer en vigueur au début de l’année.

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Chèque de garantie : ce scandale marocain

La conseillère parlementaire du parti de l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), Loubna Alaoui, a adressé une question orale au gouvernement sur la persistance de certaines pratiques illégales dans les cliniques privées, notamment l’exigence d’un...

Maroc : pas d’augmentation des prix des consultations médicales

Les tarifs des consultations médicales au Maroc n’ont subi aucune augmentation. L’information a été démentie par un syndicat, assurant qu’aucun accord n’a été signé entre les médecins du secteur privé et le gouvernement sur ces prix.

Tatouage au henné : attention danger

La fin du Ramadan et la période de l’Aïd, pour les jeunes filles, une période propice pour mettre du henné sur les mains. Si certaines mères acceptent que leurs filles appliquent le henné, d’autres préfèrent se passer de cette pratique pour préserver...

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des professions libérales, la déclaration annuelle fiscale ayant montré ses limites.