Des témoignages poignants d’agents français sur l’existence du racisme dans la police

15 juin 2020 - 09h00 - France - Ecrit par : S.A

À l’heure où les Français dénoncent les interpellations violentes et racistes, des policiers français parlent du racisme dans leur corps de métier. Témoignages.

Franceinfo a recueilli le témoignage de quatre policiers français ayant requis l’anonymat. "Les propos racistes, c’est tout le temps. Tous les jours. Rapidement, je me suis rendu compte que c’était un milieu raciste. Pendant le confinement, on effectuait des contrôles d’attestation de déplacement dans les véhicules. Souvent, mes collègues excusaient les personnes blanches, les jeunes femmes, qui n’avaient pas leur attestation. Mais les personnes ‘de couleur’ étaient verbalisées. Pour eux, c’est naturel", raconte un policier, en fonction depuis 20 ans dans le sud-ouest de la France.

"Je me souviens d’un collègue pendant des contrôles de véhicules. Il voit passer deux Maghrébins. Il me dit, devant tout le monde : ‘arrête-moi les deux fellagas, les deux fellouzes’. Cela m’a marqué", raconte un autre membre des forces de l’ordre. Un policier en région parisienne confie avoir déjà repéré "des personnes africaines ou arabes avec de multiples fractures et ecchymoses" après une garde à vue alors "qu’elles étaient en bonne santé la veille".

"Des collègues se sont réjouis de la tuerie de Christchurch en Nouvelle-Zélande, trouvant légitime la motivation du terroriste. Lors de contrôles, ils traitent certaines personnes de ‘sales races’, de ‘bâtards’, de ‘rats’. Ils le font quand ils sont en surnombre ou que la personne est isolée et ne peut se défendre", ajoute-il.

Lors de son témoignage, un quatrième policier estime qu’il est difficile de changer les mentalités. "Un collègue a été évincé au bout de six mois parce qu’il ne tolérait pas les pratiques de la BAC. Contrôles d’identité musclés, propos racistes, coups portés sur les Noirs et les Arabes… Il a voulu en parler à sa hiérarchie, il a été écarté d’office. Et cet écart s’accompagne de harcèlement", relate-t-il. Selon lui, parler, c’est mal vu, on est traité de balance, voire menacé, ou exclu.

"C’est honteux de dire que le racisme n’existe pas dans la police, alors que tout le monde le sait, le voit et le subit. Les citoyens comme les policiers", conclut-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Racisme - Violences et agressions

Aller plus loin

Un policier d’origine maghrébine témoigne : "Je n’ai jamais rencontré le racisme..."

Alors que les manifestations contre le racisme et les violences policières se poursuivent, un policier français d’origine maghrébine et de confession musulmane a fait un...

Une nouvelle affaire de violences policières secoue la France

Alors que les mouvements anti-racisme se multiplient à la suite de la mort par asphyxie de l’Afro-Américain Georges Floyd aux États-Unis lors d’une interpellation policière,...

Deux policières épinglées pour propos racistes en Belgique (vidéo)

Deux policières ont été suspendues par leur responsable hiérarchique pour propos racistes. Elles se seraient filmées en patrouille à Anderlecht dans des quartiers de Cureghem...

Le tueur des mosquées de Christchurch condamné à la prison à vie

Le tueur des mosquées de Christchurch, Brenton Tarrant, a écopé d’une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour avoir abattu 51 musulmans...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les autoroutes marocaines dangereuses ?

L’autoroute entre Agadir et Tanger est devenue un véritable cauchemar pour les chauffeurs routiers internationaux. Victimes d’agressions à répétition, certains n’hésitent plus à parler d’une « zone de non-droit ». Plusieurs d’entre eux, excédés,...

Des pêcheurs marocains attaqués par des orques

Des orques ont violemment attaqué un bateau de pêcheurs marocains, lui causant des dommages importants. Les attaques de ces cétacés se sont multipliées ces derniers temps, suscitant l’inquiétude parmi les pêcheurs qui craignent pour leur vie.

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Agression sauvage d’une femme voilée dans un magasin LiDL à Marignane

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) réagit à « l’agression raciste et antimusulmane dont a été victime une femme de 42 ans en situation de handicap, portant un voile et récemment affaiblie par un traitement de chimiothérapie. » L’organisation...

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Près de 20 000 hommes battus au Maroc

La députée Aziza Boujrida, membre du groupe Haraki, interpelle la ministre de la Solidarité, de l’Intégration sociale et de la Famille, Naïma Ben Yahya, sur la question de la violence à l’encontre des hommes marocains.

Haine envers les Marocains : prison ferme prononcée par la justice

Le parquet de Valence spécialisé dans les délits de haine a requis trois ans de détention contre un homme accusé de diffusion d’informations mensongères sur les réseaux sociaux ciblant les musulmans, notamment Marocains.

Islam en France : le coup de gueule de Malik Bentalha

L’humoriste Malik Bentalha a exprimé son inquiétude grandissante quant à la situation des musulmans en France.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.