Déclin du français au Maroc : un reflet des tensions avec la France ?

9 juin 2023 - 19h40 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

L’amitié entre la France et le Maroc connait des remous depuis plusieurs mois maintenant. La raison officieuse serait la réticence de la France à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara, contrairement à l’Espagne.

En représailles, explique El Debate, le Maroc a engagé une campagne médiatique contre la France, et cherche maintenant à éradiquer l’usage du français dans la vie quotidienne marocaine, la deuxième langue la plus parlée dans le pays après l’arabe.

Traditionnellement, l’arabe et le français sont couramment utilisés dans les rues marocaines, dans les médias et même dans les écoles où l’élite marocaine est formée, écrit le journal. Mais, avec l’émergence des États-Unis comme principal allié du Maroc, une préférence pour l’anglais est désormais encouragée par le gouvernement, mettant à l’écart le français.

A lire : Le journal en anglais à la télévision marocaine

Le journal, citant un universitaire, a appelé à freiner l’«  invasion de la langue française », décriée comme un « héritage du colonialisme », affirmant que l’usage du français entrave les droits des deux langues officielles du pays, l’arabe et l’Amazigh.

Au niveau de l’État, le ministère de l’Éducation marocain, dirigé par Chakib Benmoussa, a lancé un plan ambitieux pour généraliser l’anglais dans les écoles du pays d’ici 2025. Cela contraste fortement avec la réalité quotidienne où le français est couramment utilisé, y compris dans toutes les administrations publiques.

A lire : Le Maroc abandonne peu à peu le français pour l’anglais à l’école

Le rapport 2021 du British Council révèle que 40 % des Marocains estiment que l’anglais est la langue la plus importante à apprendre, contre seulement 10 % pour le français. De même, deux tiers pensent que l’anglais surpassera le français comme langue étrangère la plus importante dans les années à venir. L’anthropologue Mohamed Sghir Janjar a affirmé qu’une tendance “irréversible” a commencé, notant que « l’anglais est arrivé sans que nous nous en rendions compte ». Cette décision d’encourager l’usage de l’anglais, dénué du poids symbolique du colonialisme, est perçue comme une mesure « anti-française » et un signe de dédain supplémentaire envers la France, l’ancien allié du Maroc en Europe.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Amazigh - Education - Chakib Benmoussa - Ministère de l’Education nationale

Aller plus loin

Maroc : un élu local se rebelle contre le français

Le conseiller communal du parti de l’Union Constitutionnelle (opposition) à Martil, Mohamed Achkour, a annoncé son refus d’approuver un projet de convention de partenariat...

Le Maroc abandonne peu à peu le français pour l’anglais à l’école

Les matières scientifiques au Maroc seront désormais enseignées en anglais, a annoncé le ministère de l’Éducation. Cette réforme doit entrer en vigueur d’ici deux ans.

Maroc : l’enseignement de l’anglais au collège généralisé

L’enseignement de l’anglais sera généralisé dans les collèges au Maroc dès la rentrée scolaire 2023-2024, a annoncé dans une note Chakib Benmoussa, le ministre de l’Éducation...

Maroc : l’anglais ne remplacera pas le français dans les écoles

Le ministère de l’Éducation nationale a apporté un démenti formel suite aux informations selon lesquelles l’anglais sera désormais la deuxième langue d’enseignement au cycle...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Vent debout contre le français à l’école

Au Maroc, un regroupement d’enseignants, d’étudiants et d’élèves s’oppose à l’enseignement des matières scientifiques en français dans les écoles publiques, dénonçant une violation de la Constitution et des textes régissant le secteur de l’éducation.

Écoles privées au Maroc : mauvaise nouvelle pour les parents

Mauvaise nouvelle pour des parents d’élèves au Maroc. Des écoles privées prévoient d’augmenter encore leurs frais de scolarité à la rentrée prochaine.

Après le séisme, le défi éducatif du Maroc sous les tentes

Après le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre, les enfants marocains se rendent à l’école et reçoivent les cours sous des tentes. Certains ont du mal à s’adapter, tandis que d’autres tentent d’« oublier la tragédie ».

Maroc : la fumée de la chicha empoisonne l’école

Touria Afif, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a interpellé le ministre de l’Intérieur et celui de l’Éducation nationale sur la prolifération des cafés à chicha à proximité des écoles au Maroc et plus...

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

Maroc : constat inquiétant pour les élèves

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) pour 2022, révélant des difficultés majeures dans l’apprentissage au sein de l’école...

La chanteuse Mariem Hussein au cœur d’une nouvelle polémique

Des internautes marocains se sont indignés des propos de la chanteuse et actrice marocaine Mariem Hussein sur l’éducation sexuelle.

Écoles privées au Maroc : hausse des frais et colère des parents

Des écoles privées ont décidé d’augmenter les frais de scolarité à la prochaine rentrée au grand dam des parents d’élèves. Préoccupée, une députée du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) appelle le gouvernement d’Aziz Akhannouch à agir pour empêcher...

Maroc : des notes trop gonflées dans les écoles privées ?

Au Maroc, le phénomène des « notes gonflées » continue de sévir dans des écoles privées. C’est du moins le constat fait suite à la fuite de certains relevés de note sur les réseaux sociaux après la publication des résultats du BAC 2024.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.