En moins de cinq ans, ce site est devenu l’une des sociétés les plus prospères du Web. Et forcément, les émules, attirés par ce business lucratif, ont fleuri sur Internet, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu en affichant une identité ethnique ou sexuelle. Si bien qu’aujourd’hui on ne compte plus les déclinaisons communautaires d’ascendance maghrébine : mektoube. fr, lounja.com, orientalement.com, index nikah, maghreb-in, azzawaj, bladi love... Impossible de lister tous les entremetteurs en ligne qui proposent leurs services aux célibataires arabes en quête de leur moitié.
D’un site à l’autre, le principe est quasiment le même. L’accès aux annonces est libre, mais il faut remplir une fiche pour entrer en contact avec l’oiseau repéré. L’inscription est le plus souvent gratuite pour tous, à l’inverse des sites européens qui font payer les hommes. Elle consiste à choisir un pseudo, donner une foule d’informations comme l’âge et autres détails chiffrés en rapport avec l’anatomie (personne ne viendra vérifier leur exactitude), joindre la photo, décrire la personne de ses rêves... et c’est parti. Evidemment, plus on est jeune avec des mensurations attrayantes, plus on aura de prétendants. Sur le net, encore plus que dans la vraie vie, les apparences ne passent pas après la beauté intérieure. Jeunes femmes qui n’avez plus 20 ans, sachez toutefois que les hommes y sont surreprésentés et que la loi de l’offre et la demande (mais oui, nous sommes bien sur un marché !) joue en votre faveur.
La lecture des annonces, déjà, est instructive tant elles en disent long. Sur les sites maghrébins, les références à Dieu sont monnaie courante. Visiblement, pour trouver le bon parti, il est conseillé de se dire pieuse et pratiquante. A moins que ce soit une façon de dire : « Je fréquente peut-être les sites de rencontres, mais je ne suis pas une Marie-couche-toi-là. » Les fautes d’orthographe y sont légion. Elles donnent lieu parfois à d’hilarants lapsus : « Je voudrais échanger des propos seins », écrit un cyber Roméo en quête de sa Juliette. Pudeur maghrébine oblige, le sexe n’est pas évoqué, mais il surgit au premier tournant : « J’ai su garder ma virginité et je la donnerai à mon mari », assure une jeune femme en quête d’un époux traditionnaliste.
Pour la plupart des inscrits (et surtout des inscrites), le but est de fonder un foyer dans la tradition musulmane, pas pour faire des rencontres d’un soir comme sur certains autres sites. Selon Shéhérazade, une Parisienne inconditionnelle de Meetic : « Un soir de solitude, si j’y vais dans ce but, je suis sûre d’obtenir un rendez-vous. Je pourrais même vivre de ça… Un dîner par soir. N’importe quelle fille peut faire ça, même si elle est moche. »
Néanmoins, sur les sites maghrébins, les mésaventures sont nombreuses... Au point que certaines jurent que l’on ne les y reprendra plus. « J’ai rencontré quelqu’un via le net, mais notre histoire n’a pas tenu la route. J’en garde un souvenir mitigé : le début était magnifique et la fin chaotique ! J’y ai laissé des plumes et je n’ai plus envie de renouveler l’expérience, même si, avec le temps, je me demande encore aujourd’hui si c’est la faute à Internet ou tout simplement à la mauvaise personne sur qui j’étais tombée ! », raconte Princess819 qui poursuit : « Je pense que le net est un bon moyen d’élargir son cercle amical, mais pour trouver l’âme soeur, non ! Ou alors il ne faut pas être sourcilleux et tomber sur quelqu’un qui ne l’est pas non plus. Or, les messieurs du net sont moins bien que ceux que l’on croise tous les jours. Avec toutes nos exigences, c’est presque impossible de dénicher la perle rare », tranche cette cyber déçue croisée sur yabiladi.
Même son de cloche côté messieurs : « Déception totale. Je n’ai rencontré que des femmes à problèmes qui ne savent pas ce qu’elles cherchent. J’en ai fréquenté une vingtaine en cinq ans. Que des cas, des personnes bizarres avec des problèmes de personnalité et manquant de confiance en elles. Elles ont en général peur des hommes et gardent toujours l’image du mec macho comme leur père. La plus longue relation a duré deux mois et s’est achevée avant le mariage qui a été annulé parce que la demoiselle a pris peur et a changé d’avis », confie Maghrébin95, rencontré sur le forum de bladi love. Si les déconvenues ne sont pas rares, certains trouvent tout de même le bonheur sur le Web. « J’ai rencontré mon fiancé sur le net. Ça fait deux ans et sept mois qu’on est ensemble et on se marie au printemps prochain. Ma soeur aussi a connu son mari sur un site, et ils sont très amoureux, inséparables. Je connais plein d’autres cyber couples dans ce cas », résume brièvement Nadilouna.
Révolue l’époque où les unions étaient arrangées par les familles ? Pas forcément, mais, désormais, il faut aussi compter avec Internet qui joue les marieuses avec, parfois, une certaine efficacité.
Le courrier de l’Atlas