RME : La représentation tant souhaitée n’aura pas lieu !

8 janvier 2008 - 09h49 - Maroc - Ecrit par : L.A

Ainsi donc, l’attendu s’est produit. Une fois encore, une fois de plus, les responsables du dossier des Citoyens Marocains de l’Etranger « CME » ont laissé échapper une occasion pour mettre en place un véritable conseil au service de l’ensemble des CME. Après un ministère sans budget et sans vision, on leur sert un Conseil sans âme et sans contenu. Depuis l’annonce, les protestations d’une grande majorité des CME ne cessent d’affluer de par tout. Le dossier se trouve secoué une fois de plus par d’amples protestations sur la forme et le contenu de l’initiative.

Pire, la préservation de l’unité de la communauté des CME pourrait en souffrir : Une unité qui a traversée - pour des raisons qu’on sait- une dure épreuve le siècle dernier, risque d’en souffrir aujourd’hui avec la mise en place d’un conseil qui divise au lieu de rassembler. Un choc pour celles et ceux qui croyaient que de pareilles dérives ne seraient plus tolérées.

Ceci dit, sur la forme et à l’inverse de ce qu’on a pu entendre et lire jusqu’à présent, il me semble que dans l’ensemble, le choix qui parait obéir à première vue à ce qu’on peut appeler la « discrimination positive » est compréhensible au moins à mon sens. En tout cas, ce n’est pas le choix qui pose problème, mais la manière de le faire.

Il serait donc plus raisonnable de donner l’opportunité à ces personnes nommées de faire valoir leur compétence et leur savoir-faire, mais surtout leur capacité d’imposer leur point de vue dans un conseil qui semble verrouillé depuis la prise en charge du dossier par l’équipe du CCDH.

Sur le fond, il est incontestablement vrai que beaucoup de temps et de moyens ont été dilapidés pour nul résultat. Après une année de soi disant consultations du Ministère des CME, l’équipe du CCDH a nécessité une seconde année pour mener à son tour ses fameuses consultations. Consultations qui n’ont enregistrées aucune trace d’un débat productif sur la forme et le contenu du futur conseil. Pourtant, cela aurait pu constituer la base de toute consultation. Résultat, deux années de tapage médiatique pour rien.

L’installation aujourd’hui d’un conseil transitoire sur proposition de l’équipe du CCDH dont la direction est issue, est de toute évidence un échec pour cette dernière. Ce nouveau pas supplémentaire reflète à la fois l’incompétence de cette équipe et sa volonté d’hypothéquer pour quatre nouvelles années un conseil qui n’a rien de représentatif. Quel gâchis ! Pourtant, même si dans cette affaire, les analyses des connaisseurs du dossier ont été ignorées, remarques, craintes et propositions ont été exprimées dés le départ à travers divers articles, lettres ouvertes, mémorandum etc.

Si aucun contenu n’a été proposé et que les répartitions géographiques, sociodémographiques, socio-économiques, intergénérationnel ainsi que la parité ne semblent être respecté, il y a lieu de se poser des questions sur l’efficacité de la stratégie de l’équipe du CCDH, s’il en a une. En tout cas, les premières analyses révèlent des dysfonctionnements qui handicapent l’aboutissement d’une instance censée permettre aux diverses sensibilités des CME de s’exprimer et de s’épanouir. Il y a là certainement un manque de stratégie et, on est tenté de penser que la seule stratégie de l’équipe du CCDH était de ne consulter qu’amis, entourage ainsi qu’associations et personnes désignées par les services consulaires dont on connaît le passé.

Certes, faire l’unanimité n’est jamais chose facile, néanmoins contrairement à une idée reçue, il est possible de réunir une grande majorité de CME de différentes sensibilités politiques et culturelles à partir d’un concept fédérateur sans que personne ne se sente exclu. Mais nous le savons, en dehors de la volonté politique, c’est le choix des personnes et la mise en œuvre du projet qui posent problème.

En tout cas, l’équipe nommée n’a pas un discours audible. Elle sera sans doute incapable de proposer des mesures efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces d’une division prévisible entre la communauté des CME et entre celle-ci et le politique. Pire encore, elle ne voit pas ou ne veut pas voir venir cette menace. Il ne s’agit pas là, d’un procès d’intention, mais c’est une équipe qui se caractérise par l’insuffisance de vision tant politique que stratégique, ainsi qu’un manque d’intelligence pour interpréter correctement tant les propositions des élites des CME que les directives royales.

S’il est vrai que les CME constituent un gigantesque capital humain dont l’apport économique est de plus en plus important, il est vrai également qu’ils méritent un meilleur conseil aussi transitoire soit-il. En effet, un conseil sans objectifs clairs et sans stratégie pour les atteindre ne peut à mon sens que contribuer au cumul d’échecs. Un tel conseil pourrait mettre à rude épreuve la volonté des CME de continuer à jouer un rôle dynamique dans le développement du pays.

A nos responsables donc de donner la parade à cette tendance en introduisant un débat démocratique, serein, responsable et porteur d’alternatives.

Said Charchira
Directeur du centre européen des études et d’analyses sur la Migration

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Vote MRE - Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) - Driss El Yazami - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

MRE : du changement pour les voitures à la douane

En vue de fluidifier le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) durant l’opération Marhaba 2024, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place de nouvelles mesures de facilitation. Ces dispositions visent à simplifier...

Il y a 13 ans, Imad Ibn Ziaten était assassiné par Mohamed Merah

Toulouse accueille ce mardi 11 mars l’hommage national aux victimes du terrorisme. Latifa Ibn Ziaten, dont le fils Imad a été assassiné par Mohamed Merah il y a treize ans, est une figure active de la lutte contre la radicalisation et de la promotion...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Le programme d’aide directe au logement « Daam Sakane », lancé le 2 janvier 2024, est un succès, notamment auprès des MRE, assure Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du conseil de gouvernement.

Importation de devises par les Marocains résidant à l’étranger : Ce qu’il faut savoir

Pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE), l’importation de devises au Maroc nécessite certaines formalités essentielles qu’il faut absolument connaître. Que vous rentriez avec des devises sous forme de billets de banque ou d’instruments...

Le programme d’aide au logement séduit les MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) figurent parmi les 15 194 bénéficiaires du nouveau programme d’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier, fait savoir Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du Territoire, de...

Boom des interventions d’Europ Assistance au Maroc cet été

Le Maroc figure parmi les destinations lointaines très sollicitée chez Europ Assistance. Par ailleurs, le nombre de dossiers médicaux ouverts par la compagnie entre fin juin et fin août, a connu une augmentation de 16% par rapport à la même période en...

Les transferts des MRE menacés : l’Europe suscite l’inquiétude des banques marocaines

Les banques marocaines présentes en Europe sont confrontées à de nouveaux défis avec la mise en vigueur annoncée d’une directive européenne visant à mettre fin aux transferts de fonds des étrangers vers leurs pays d’origine, dont les Marocains de la...

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

MRE : des milliards qui boostent les banques, mais pas l’économie

Malgré leur hausse continue, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne contribuent pas à la croissance économique du Maroc, révèle un récent rapport gouvernemental, notant que la part de ces fonds dédiée à l’investissement reste...

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...