Bruxelles : les mineurs marocains, nouvelles recrues du trafic de drogue

12 février 2025 - 10h00 - Belgique - Ecrit par : P. A

À Bruxelles, de nombreux adolescents, âgés entre 13 et 17 ans, s’adonnent au trafic de drogue. Originaires pour la plupart du Maroc, ces mineurs sont exploités par les réseaux criminels pour livrer la drogue aux consommateurs.

Selon Europol, ces « petites mains » du trafic de drogue travaillent pour 70 % des organisations criminelles en Europe. Qui sont ces mineurs et comment intègrent-ils ces réseaux ? Sans papiers pour la plupart, ils sont originaires du Maroc ou de l’Algérie. « Je suis arrivé en Belgique il y a deux mois, on est tous perdus ici, personne n’est heureux de faire ça. Mais c’est facile, mon ami là-bas par exemple, tout le monde le connaît, il attend dans la rue et les gens viennent à lui », confie un dealer majeur au micro de RTL.

À lire : Bruxelles : 120 personnes condamnées pour trafic de drogues depuis le Maroc

Des dealers mineurs, la police en arrête tous les jours, mais ils sont aussitôt relâchés. Ce sont « à la fois des personnes sans papier ou alors des personnes qui n’ont pas beaucoup de matières sur eux parce qu’ils sont bien organisés. Des dealers qui sont utilisés comme de la chair à canon par les réseaux. Donc c’est vraiment des personnes qui sont interchangeables. Quand on en arrête un, il est remplacé dans un quart d’heure par quelqu’un d’autre », explique Fabrice Cumps, bourgmestre d’Anderlecht.

Les réseaux criminels recrutent ces mineurs via les réseaux sociaux en leur promettant des sommes mirobolantes, allant de 100 euros par jour pour surveiller et alerter de l’arrivée de la police, 180 euros pour vendre du cannabis, 200 euros pour vendre des drogues dures, jusqu’à 1 000 euros pour tirer dans une façade ou sur une personne. Une fois recrutés, « ils sont hébergés dans des squats. Ils sont maltraités. Il y a beaucoup d’agression, de la violence. Ils sont drogués… », détaille An Berger, porte-parole de la police fédérale.

À lire : Bruxelles : le fils d’une députée marocaine inculpé dans une affaire de drogues

François Bertrand, un militant associatif, affirme pour sa part que des mineurs « sont complètement instrumentalisés par des réseaux qui doivent écouler à tout prix des quantités plus importantes de drogues, surtout ici depuis les années d’après-Covid ». Le phénomène se répand en Europe. À Marseille, « les mineurs actifs dans le narcotrafic sont de plus en plus jeunes. Il y a 15 ans, ce type de profil, ils avaient 16, 17, 18 ans. Dans la grosse délinquance, que ce soit des braquages, des tentatives de meurtre, des contrats, tout ça, maintenant ils ont 14, 15, 16 ans », relève un éducateur spécialisé.

Pour sortir ces mineurs de la délinquance, un encadrement adapté est nécessaire, note une éducatrice. « C’est des grands qui n’ont jamais joué à des jeux de société. C’est des gamins qui ne savent pas nager. C’est des gamins à qui il faut apprendre à être un enfant avant de devenir adulte. » En plus de l’accompagnement, ces jeunes doivent également subir la rigueur de la loi, estime un juge bruxellois : « Aujourd’hui, on sait qu’il y a des places en IPPJ qui ne sont pas disponibles. On a une liste de 100 jeunes sur liste d’attente. Donc vous imaginez qu’il y a un sentiment d’impunité très important à ce niveau-là ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Enfant - Jeunesse - Trafic - Drogues - Criminalité - Belgique - Bruxelles

Aller plus loin

Procès à Paris : des mineurs marocains drogués et exploités par des Algériens

Le procès visant six hommes, tous d’origine algérienne, accusés d’exploiter de jeunes mineurs isolés d’origine marocaine, s’est ouvert ce jeudi 14 décembre à Paris.

Bruxelles : 120 personnes condamnées pour trafic de drogues depuis le Maroc

Fin à Bruxelles du procès exceptionnel de 120 personnes poursuivies pour trafic international de cocaïne et de cannabis, entre autres, depuis le Maroc. Les accusés ont écopé de...

Narbonne : procès de 12 trafiquants de drogues depuis le Maroc

Le procès de 12 trafiquants de cocaïne et de cannabis, arrêtés en décembre dernier suite au démantèlement de leur réseau, s’est ouvert lundi 14 octobre devant le tribunal de...

Bruxelles : le fils d’une députée marocaine inculpé dans une affaire de drogues

Huit individus, dont le fils de la députée d’origine marocaine Fadila Laanan, sont poursuivis pour vente et détention de stupéfiants en association dans l’affaire de 50 pacsons...

Ces articles devraient vous intéresser :

Booder se confie sur ses problèmes de santé

Invité sur l’émission Une heure avec… diffusée sur RFM, l’humoriste franco-marocain Booder a fait d’étonnantes révélations sur son enfance. Il a été très malade lorsqu’il était jeune.

Maroc : l’État «  adopte  » les enfants devenus orphelins après le séisme

Le Maroc va procéder au recensement de tous les enfants devenus orphelins après le séisme du 8 septembre et leur accorder le statut de « pupille de la nation ».

La justice espagnole sépare une famille marocaine : Nasser Bourita réagit

Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.

Interdire ou réguler TikTok ? Le Maroc cherche la solution

Menacé d’interdiction aux États-Unis et en Europe, TikTok est de plus en plus décrié dans le monde. Au Maroc, des voix continuent d’appeler à l’interdiction de l’application chinoise. Mais plutôt que de l’interdire, des experts appellent à encadrer son...

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Maroc : risque d’augmentation des mariages de mineures après le séisme

Le séisme survenu dans la province d’Al Haouz vendredi 8 septembre pourrait entrainer une multiplication des mariages de mineures, craignent les femmes sinistrées dormant désormais avec leurs filles sous des tentes dans des camps.

Maroc : la traque des criminels porte ses fruits

L’année 2024 a été marquée par un taux de résolution des crimes de 95 % au Maroc, selon les données de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN). Ce chiffre s’inscrit dans une tendance observée sur les huit dernières années. Le rapport annuel...

L’opération discrète du Maroc pour libérer 39 Marocains en Birmanie

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, revient sur la libération des jeunes Marocains séquestrés et torturés par des réseaux criminels en Birmanie et en dévoile le nombre...

Hiba Abouk et Achraf Hakimi se retrouvent à Madrid

Un an et demi après leur divorce, Hiba Abouk et Achraf Hakimi ont été vus mardi à Madrid, en compagnie de leurs enfants, Amin et Naim.