Polémique : Benkirane conseille aux Marocaines de s’occuper de leurs foyers

22 juin 2014 - 14h47 - Maroc - Ecrit par : Jalil Laaboudi

L’appel adressé par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane aux femmes marocaines, les invitant à abandonner leur emploi hors de la maison pour s’occuper de leurs foyers et de leurs familles, fait polémique au Maroc. Les uns traitent Benkirane d’intégriste, d’autres de rétrograde, les politiciens estiment eux que le leader islamiste utilise ce type de discours pour séduire les électeurs conservateurs.

"Pourquoi considérez-vous que la femme ne travaille pas quand elle s’occupe de son foyer et de l’éducation de ses enfants ? Quand les femmes sont sorties travailler, les lumières se sont éteintes dans leurs foyers (...), parce qu’elles étaient les lustres qui éclairaient nos maisons...".

Sur les réseaux sociaux, la majorité des Marocaines dénoncent les propos jugés "rétrogrades" du chef du gouvernement. "Mille ans en arrière pour la femme. Telle est la volonté du PJD", réagit une Marocaine sur Twitter.

Un "hashatg" #anamachitria (je ne suis pas un lustre) a même été créé par un groupe de femmes, pour condamner, disent-elles, les déclarations sexistes et méchantes de Benkirane.

La twittoma marocaine explose. Une femme répond au leader islamiste :

"Sam3tini awla @ChefGov_ma "@MahassineMS : J’ai d’autres ambitions que d’être un chandelier Benkirane. #anamachitria pic.twitter.com/V3aUJhm0CM".

Au parlement, le chef de l’exécutif marocain s’évertuait à expliquer : "la modernité, est-ce la suppression de la dimension familiale, comme si l’homme et la femme étaient pareils...".

"Dans notre société contemporaine(...), la femme n’a même pas le temps déjà de se marier, ni de devenir une mère, ni de s’occuper de ses enfants... (...). Aujourd’hui, beaucoup d’enfants âgés d’à peine six ans rentrent seuls chez-eux, trouvent la maison plongée dans la pénombre et doivent compter sur eux-mêmes".

La polémique suscitée à nouveau par Abdelilah Benkirane atteint même les Etats-Unis, où le quotidien New York Times rappelle que le Parti Justice et Développement (PJD) s’est fermement opposé à la réforme du nouveau code de la famille (Moudawana) en 2004.

Interrogée par le journal, Khadija Rouissi, députée du Parti Authenticité et Modernité indique : "c’est une menace, une insulte à toutes les femmes marocaines et aux combats qu’elles mènent depuis de nombreuses années".

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