
Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.
Pour plusieurs sociologues et politologues, les élections en Belgique en général et à Bruxelles en particulier, sont l’occasion d’une véritable chasse aux candidatures "allochtones". Le but serait de se garantir le maximum des voix d’une communauté immigrée. Autrement dit, mettre un Marocain d’origine sur une liste "A" pourrait être synonyme de milliers de voix belgo-marocaines. De précieux suffrages quand on sait surtout qu’une liste doit recueillir au moins 5% des voix exprimées dans l’arrondissement électoral en question (Bruxelles=1 arrondissement).
Autrement dit encore, "amadouer" un candidat d’origine marocaine ne serait pas forcément motivé par ses propres compétences, qualités et parcours.
Ce sont des assertions qui ne sont nullement dénuées de sens. Selon des statistiques non officielles, la seule ville de Bruxelles abriterait 120.000 Marocains dont 80.000 naturalisés belges et dont, enfin, 70.000 électeurs. De quoi faire "saliver" plusieurs partis politiques qui semblent se prêter à coeur joie au "gonflement" de leurs listes avec des candidatures "allochtones".
En fait, toujours à Bruxelles (étant l’exemple le plus frappant), arracher moins de 10.000 voix équivaut à un siège et un mandat de cinq ans.
Cette notion de "vote ethnique" est toutefois l’objet de "tirs groupés" de la part d’autres politiques et sociologues. Et d’abord le fait que l’on ne saurait parler de " blocs monolithiques " au sujet des communautés immigrées. "Il ne faut pas se voiler la face", nous déclare un candidat d’origine marocaine qui parle "malheureusement" de la persistance de "clivages tribaux" au sein de la communauté marocaine par exemple. Cela veut dire clairement qu’un candidat marocain originaire de Fès n’aura pas toutes les chances pour arracher les votes de Marocains originaires du Rif
S’ajoute à cela une "désemparante" inculture politique et une sorte d’"amnésie" qui amène certains Marocains à se porter candidats sur les listes de ceux qui étaient encore hier parmi les pires ennemis des communautés immigrées. L’un de nos interlocuteurs désigne ainsi, et clairement, les ex-libéraux (actuels M.R) parmi les rangs de qui se trouvait un certain J. Gol (initiateur de l’une des lois les plus assassines et qui portait son nom).
Un autre candidat, A. El Ktibi (P.S), nous tient un discours tout à fait différent. "L’immigration et ses différentes étapes ne facilitent pas les choses", dit-il pour expliquer qu’un jeune de la troisième génération n’a pas forcément le même "angle" que son grand-père arrivé directement de la campagne pour les charbonnages du Nord dans les années 1960. C’est d’un changement de mentalités qu’il faudra désormais parler et tenir compte. Changement valable aussi bien pour les " cibles " que pour les partis politiques.
"Vote ethnique" ? A. El Ktibi proteste : "Notre action politique ne s’adresse pas uniquement aux Marocains et quand nous nous présentons, nous le faisons d’abord en tant que citoyens belges". "On peut avoir une sensibilité particulière aux problèmes des Marocains car nous sommes les plus habilités à en saisir le fond et la gravité, mais notre but est d’apporter des réponses quels que soient les problèmes", conclut-il.
C’est pour dire qu’électeurs belges (de souche ) et marocains recherchent désormais compétences et qualités surtout après un premier mandat régional où la majorité des élus marocains n’a pas brillé par une véritable et constructive action parlementaire. Et à d’autres langues de se délier à propos de parlementaires au bilan quasi nul
Pour ajouter un autre argument fustigeant ceux qui continuent à parler de "vote ethnique", un autre politique nous répondra sous forme de question : "Pourquoi n’allez-vous pas demander aux Marocains de Molenbeek leur ralliement en majorité derrière un Philippe Moureau (figure de proue P.S, NDLR) ?!!!".
Libération
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