
Abdelkader Amara n’est plus membre du parti de la justice et du développement (PJD). Lundi, l’ancien ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a annoncé sa démission du parti islamiste après une réflexion sur ce que...
Les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD) sont arrivés en tête des élections législatives du 7 septembre au Maroc, en suffrages, même si le scrutin a été remporté par le vieux parti nationaliste de l’Istiqlal, vainqueur en sièges.
Selon les résultats officiels communiqués par le ministère de l’intérieur, huit jours après le vote, les islamistes ont obtenu 10,9 % des suffrages (503 396 voix), tandis que leurs rivaux de l’Istiqlal en ont obtenu 10,7 % (494 256 voix). En raison, principalement, du découpage électoral et du mode de scrutin à la proportionnelle, l’Istiqlal a cependant enlevé 52 sièges, alors que le PJD n’en a conquis que 46 (sur un total de 325) à la Chambre des représentants. En réalité, les grands vainqueurs de ces élections législatives sont les abstentionnistes. Seuls 37 % des électeurs inscrits se sont rendus aux urnes, le 7 septembre, malgré les appels à la mobilisation lancés par le roi Mohammed VI. Pis : 19 % des bulletins ont été blancs ou nuls.
C’est dans les grandes villes que les islamistes du PJD arrivent en tête. Ils devancent l’Istiqlal à Casablanca, Tanger, Meknès, Rabat, Salé et Tétouan. En revanche, ils sont distancés ou battus à Agadir et à Marrakech. Reste que, même victorieux dans les grandes agglomérations, le PJD n’a pas accompli de prouesses. Le taux de participation est encore plus bas en ville que dans les zones rurales : à Casablanca, 27 % seulement des électeurs ont déposé leur bulletin dans l’urne le 7 septembre, et 22 % à Tanger. Quant au nombre de bulletins blancs ou nuls, il est encore plus élevé dans ces villes que dans le reste du pays.
Le Roi consulte
L’appel au boycottage lancé par les islamistes de Justice et bienfaisance, la formation du cheikh Yacine (non agréée mais tolérée), ainsi que par une petite formation d’extrême gauche, n’explique pas cette désaffection, estiment les analystes, qui soulignent plutôt le discrédit de la classe politique.
Dans l’ensemble, ces élections se sont tenues "correctement", ont déclaré la plupart des observateurs marocains et internationaux. Le Collectif associatif (plus de 600 associations marocaines) et Transparency Maroc ont cependant vivement dénoncé le rôle de l’argent et l’achat de voix. Une critique que le PJD a émise le jour des résultats, dès sa défaite connue.
Pour l’heure, le roi poursuit ses consultations pour désigner un premier ministre. Il a reçu, ces derniers jours, les chefs des six principaux partis politiques. Le souverain a toute latitude pour choisir qui occupera ce poste. Le successeur de Driss Jettou devrait cependant sortir des rangs de l’Istiqlal, le parti vainqueur. Quant au PJD, il restera probablement dans l’opposition.
Le Monde - Florence Beaugé
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