Innocenté après 13 ans de prison, un Marocain ne sera pas indemnisé
Abderrahim El Jabri, Marocain qui a passé 13 ans de sa vie en prison pour un meurtre qu’il n’a pas commis, ne sera pas indemnisé par l’Etat français. Motif : aucune trace de sa...
Photo : rtl.fr
Abdelkader Azzimani, 48 ans, et Abderrahim El Jabri, 49 ans, deux Marocains condamnés à vingt ans de prison en 2004 pour le meurtre d’Abdelaziz Jhilal, un dealer de drogue de 22 ans, ont été définitivement acquittés jeudi 3 juillet.
Lorsqu’en décembre 1997, Abdelaziz Jhilal, alias Azzouz, est assassiné à Lunel en Herault, les soupçons des enquêteurs se portent rapidement sur Azzimani et El jabri, car ils seraient les deux dernières personnes ayant rencontré la victime pour lui livrer 5 kilos de résine de cannabis.
Les deux hommes nient avoir tué Azzouz tout en affirmant lui avoir livré le colis de drogue et qu’il s’était enfuit sans les payer. Les faits racontés par les deux suspects ne font que conforter les soupçons des enquêteurs qui les accusent du meurtre commis à l’encontre d’Abdelaziz Jhilal. Ils seront condamnés à 20 ans de prison en 2003, peine confirmée en appel en 2004.
En 2009, une lueur d’espoir se profile pour les deux Marocains lorsque de nouvelles investigations ouvertes suite à la rétractation d’un témoin démontrent que l’ADN prélevé sur la voiture d’Abdelaziz Jhilal appartient à deux de ses clients, Michel Boulma et Bouziane Hélali. Ces derniers avouent après leur arrestation les faits qui leur sont reprochés.
Abdelkader Azzimani bénéficiera cette année même de la liberté conditionnelle, tandis qu’Abderrahim El Jabri devra attendre jusqu’en 2011. Ils avaient déjà purgé respectivement douze et quatorze ans de réclusion pour ce crime qu’ils n’avaient pas commis.
Devant ces nouveaux éléments et les aveux des vrais coupables, la cour de révision annule le verdict prononcé contre Azzimani et El Jabri et ordonne l’ouverture d’un procès qui commença, lundi 30 juin, par l’écoute de toutes les parties concernées par cette affaire.
Tout portait à croire qu’Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri seront enfin blanchis lorsque, mercredi 2 juillet, doute et colère s’emparent des deux hommes et leurs avocats suite à la décision de Geneviève Perrin, présidente de la cour, d’introduire une question subsidiaire pour « complicité d’homicide involontaire ».
Autrement dit, la présidente de la cour évoque la possibilité d’une éventuelle complicité des deux Marocains avec les deux meurtriers ayant avoué leur crime compliquant sérieusement la tâche des avocats de la défense qui ont rejeté catégoriquement cette thèse, d’autant que la cour de révision l’avait rejetée également.
La délivrance viendra jeudi matin, puisque Didier Durand, l’avocat général, en a décidé autrement en refusant de soutenir la décision de la présidente de la cour sans pour autant prôner l’acquittement. Après quatre heures de délibération, la cour d’assisses du Gard a donné son verdict en faveur des deux Marocains mettant ainsi une fin à des années de persévérance et un procès long et fastidieux.
Une victoire historique pour Azzimani et El Jabri, les neuvième et dixième condamnés à être innocenté au terme d’une procédure de révision, depuis 1945.
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