Les négociations sont très avancées pour le rachat par le groupe Saham Finances, fondé et dirigé par l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy (MHE) d’une grande partie de la société générale du Maroc.
Signe des temps qui changent. C’est une exposition porteuse de droits et en filigrane un partenariat chargé de symbole qui a planté ses cimaises depuis le vendredi 7 mai et jusqu’au 16 mai, au premier étage du théâtre Mohammed V, à Rabat. Cette manifestation de timbres dédiés aux droits de l’homme et plus particulièrement ceux de la moitié du ciel et de la société a été rendue possible grâce à un partenariat entre la section marocaine d’Amnesty international et Barid Al Maghrib, entreprise publique s’il en est. Le fait est assez inédit : les relations longtemps tumultueuses entre les autorités marocaines et Amnesty International laissaient mal imaginer un tel partenariat.
De l’eau a coulé sous les ponts, le Maroc n’a plus mal aux droits de ses hommes et de ses femmes et la défense des droits humains n’est plus ce sujet frappé du sceau du tabou et de l’interdit.
« Cette exposition se tient dans le cadre de la campagne mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes lancée par Amnesty international, le 5 mars dernier. La section marocaine d’A.I a un certain nombre d’activités qui s’étaleront sur les deux prochaines années.
Il y a lieu de signaler la volonté politique du Maroc d’ancrer davantage les droits des femmes. En témoigne le code de la famille récemment adopté par le Maroc. Nous voulons à travers cette exposition qui est considérée comme une première parce que c’est bien la première fois que Barid Al Maghrib participe de manière directe à une grande opération de sensibilisation en faveur des droits des femmes que soit attirée l’attention des responsables marocains sur la question de la violence dont sont victimes les Marocaines. Les statistiques officielles du Maroc montrent que les femmes victimes de violence sont de plus en plus nombreuses que ce soit dans le milieu du travail ou au sein de la famille ou ailleurs », explique Mohamed Sektaoui, directeur général de la section marocaine d’Amnesty International.
« Nous avons été sollicités par la section marocaine d’Amnesty International et nous étions très honorés de participer à cette manifestation de sensibilisation sur les droits des femmes. Le timbre est un vecteur de communication très important. Il a d’abord un rôle très important car il symbolise l’intégrité et la souveraineté du royaume. Il est aussi porteur d’un certain nombre de messages. Il est pour nous un ambassadeur sans frontières. Dans ce cas précis, nous voulions mettre l’accent sur l’importance des droits de la femme et dénoncer la violence sous toutes ses formes faite aux femmes. Au-delà de tout cela, nous voulons participer à cette nouvelle dynamique que SM le Roi a voulu pour le Maroc moderne en inscrivant parmi les priorités l’Etat de droit, le respect des droits de l’homme et donc ceux des femmes.
Le code de la famille est une véritable révolution. », renchérit le directeur général de Barid Al Maghrib, Mohamed Ouakrim Flash back et explication de contexte : Au début du mois de mars, l’organisation a lancé une campagne mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes, dénonçant tous azimuts et sur tous les supports « un scancale en matière de droits humains ». « Les chiffres de la violence contre les femmes révèlent l’existence d’une catastrophe mondiale en matière de droits humains.
Au moins une femme sur trois a été battue, forcée à des relations sexuelles ou violentée d’une manière ou d’une autre, à un moment de sa vie », révèle un rapport édité par Amnesty International, sous le titre « Mettre fin à la violence contre les femmes, un combat pour aujourd’hui ».
La section marocaine d’Amnesty s’est bien évidemment joint à cette campagne. D’abord par l’organisation de cette exposition de timbres sur le thème des droits des femmes que viendra compléter des conférences et table-rondes.
« Cette exposition itinérante, qui se déplacera dans d’autres villes, est aussi une occasion pour débattre de la question des droits des femmes. Nous allons organiser des table-rondes et des conférences sur la situation des femmes, la question de la pauvreté et les femmes, le code de la famille », précise M. Sektaoui.
En ce soir de vernissage d’une exposition forcément pas comme les autres, les activistes de droits humains -aperçus dans la foule des anciennes victimes de disparition forcée, revenus de loin- s’étaient naturellement mêlés aux militantes des droits des femmes.
La députée et ex-présidente de l’Association démocratique des femmes marocaines a du mal à cacher son émotion. « Cette expo est vraiment merveilleuse car elle nous donne l’occasion de voir combien Barid Al Maghrib a accompagné l’évolution des droits des femmes au Maroc. J’étais très touchée de voir des timbres montrant la campagne de lutte contre l’analphabétisme lancée en 1958. les Marocaines avaient à cette époque un look moderne par rapport à aujourd’hui. J’étais très émue de voir tous ces timbres accompagnant l’évolution des droits de l’homme et de la femme dans notre pays depuis la décennie de la femme, à la journée internationale de la femme et aujourd’hui la lutte contre la violence à l’égard des femmes ».
Les réserves du Maroc et la convention de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes
D’un timbre à l’autre, l’exposition traverse les décennies et les évènements.
De la campagne de lutte contre l’analphabétisme lancée sous les auspices du Roi Mohammed V, à l’année internationale de la femme décrétée en 1975 jusqu’au cinquantenaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, la poste semble avoir accompagné sans que l’on s’en rende compte vraiment tous ces moments, petites bougies sur le long et sinueux chemin des droits de l’homme.
Le constat était ce vendredi soir unanime : le Maroc revient de loin. « Quand je pense qu’il n’y a même pas 10 ans, c’est à dire en 1995, on assistait à la création du premier centre d’écoute pour les femmes victimes de violence.
Je me souviens en tant que l’une des fondatrices de ce centre, évoquer la violence contre les femme, provoquait surprise et stupeur chez les gens comme si on parlait d’un phénomène étrange qui nous serait totalement inconnu. C’est dire combien la question a évolué.
C’est une question à laquelle on est aujourd’hui sensible au point qu’un organisme public comme Barid AL Maghrib y consacre une expo », s’exclame Nouzha Skalli.
Au-delà de la symbolique, le combat continue pour que la femme soit d’abord et avant tout une citoyenne.
Alors, l’exposition de timbres dédiés aux femmes se fait militante et porteuse d’un message. « Nous nous attendons au fait que cette action soit couronnée par une décision du gouvernement marocain qui lèverait toutes ses réserves émises par rapport à la convention internationale de lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes », conclut le directeur général de la section marocaine d’Amnesty International
Narjis Rerhaye - Le Matin
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