« La meilleure chose est qu’après tout ce temps, sa mère pourra voir son visage une dernière fois, même si c’est à travers le cercueil », se console Nisrine, la cousine d’Amine, embarquant à bord d’un avion avec le cercueil comportant la dépouille de son cousin, parti il y a 5 ans de Khourigba pour venir en Europe à la recherche d’un avenir meilleur, rapporte El Periodico.
À l’annonce de son décès, ou plutôt de son frère, Mohcine, déclaré mort à sa place, la famille a demandé à Nisrine, étudiante en esthétique à Milan, de se rendre à Barcelone pour clarifier la situation. Le 17 janvier, elle arrive dans la ville catalane et se présente au tribunal pour prouver l’identité des deux frères. Sur instructions du juge, elle est ensuite transportée au poste de police pour faire une déclaration, avant d’être conduite à l’Institut de médecine légale pour authentifier le corps d’Amine.
Le tribunal a ordonné à la police de faire comparer les empreintes digitales du cadavre avec celles d’Amine enregistrées par les autorités marocaines. Après quoi, la procédure de rapatriement de la dépouille pourra être enclenchée. Le processus de confirmation de l’identité d’Amine aura duré une semaine. Finalement, la justice espagnole a officiellement notifié à Nisrine qu’elle reconnaît la dépouille comme étant celle d’Amine.
Sans tarder, Nisrine a lancé la procédure de rapatriement de la dépouille d’Amine, avant d’être informée qu’en respect des textes en vigueur, le rapatriement n’était plus possible. En dehors de l’action de rapatriement qui devait être initiée par le gouvernement marocain ou le consulat, la loi espagnole exige qu’avant tout rapatriement de corps, il soit procédé à son embaumement avant 96 heures à compter de la constatation du décès.
Fatima Zohra, avocate au consulat du Maroc à Barcelone, démontrant rapports médicaux à l’appui, que le corps d’Amine était conservé en bon état et qu’il était encore possible de procéder à son embaumement, a fini par avoir gain de cause. Le jeudi 4 février, le bureau de la santé étrangère a approuvé le transfert du corps. « Je pense que c’est l’une des premières fois qu’un corps est embaumé et rapatrié si longtemps après le décès », souligne Fatima, qui demande que la réglementation soit révisée, car il existe actuellement des méthodes modernes de conservation des corps.
Plusieurs journalistes marocains attendaient lundi soir à l’aéroport de Casablanca l’arrivée de Nisrine. L’histoire d’Amine, sans-papiers et sans-abri, mort dans la rue à Barcelone, a choqué les Marocains. Ce mardi, une cérémonie d’adieu a été organisée dans une mosquée de Khourigba avant de conduire Amine dans un cimetière proche de la résidence de ses parents.