Le secteur aéronautique marocain est en plein essor. Le royaume dispose d’importants atouts pour devenir une destination de choix pour les investisseurs dans ce domaine.
Dans le cockpit, le pilote ajuste son dossier. Le décollage est imminent de l’aéroport Marrakech Menara. Quelques secondes après, l’avion prend les airs. La longue ascension est enclenchée sauf qu’elle est…virtuelle. Et l’avion en question, encore en phase de finalisation, est collé au sol… dans le salon de son concepteur. Constructeur amateur, Abdelkrim M. Hachadi, ingénieur Arts & Métiers, poursuit ses manœuvres, cette fois-ci, pour l’atterrissage de son jet liner, un Boeing 737NG. Atterrissage réussi à l’aéroport Med V, se réjouit le pilote-constructeur. Devant son tableau de bord, attentif aux commandes, il commente avec force détails le déroulement de l’opération.
Fruit d’une grande passion et de longues nuits blanches, son projet commence à prendre forme. « Si tout va bien, promet-il, son « jet liner » sera fin prêt au début du deuxième semestre 2008 ».
Depuis quelques mois, son rythme de travail s’est accéléré. Il passe tous ses loisirs la tête dans le ciel, les yeux rivés sur le tableau de bord de son avion, mais surtout à tester les différentes fonctions qu’il développe ou réalise.
L’idée a germé dans son esprit depuis longtemps. Mais il lui faudra un an de réflexion pour lancer son projet. C’est à Paris où il est basé qu’il le démarrera avec les moyens de bord. Sa cuisine sera squattée et transformée en atelier. Et à partir d’un logiciel de simulation que l’on peut, dit-il, acquérir pour quelques dizaines de DH, il lance son entreprise. A ce logiciel qui sert à la visualisation des scènes extérieures, il rajoute une multitude de programmes et de développements. Des photos de cockpits d’avions et des documents techniques lui serviront de base de travail. Titulaire d’une licence de pilote professionnel et qualifié IFR, Hachadi mettra aussi à profit ses connaissances aéronautiques et de pilotage. Et aussi ses économies, investies dans les quelque 8 ordinateurs, les composants électroniques et autres matériels qui feront fonctionner le simulateur. La voie des airs est ouverte.
Au départ, Hachadi aurait souhaité prédestiner son projet à des étudiants comme ceux de l’Ecole Mohammadia. « Je le concevais comme un programme pédagogique et didactique pour les ingénieurs en formation à l’EMI, avec qui j’aurais collaboré dans mon projet », dit-il.
Mais, l’idée n’ayant pas abouti, le pilote-constructeur s’attaque à son oeuvre dans une démarche individuelle. Pour affiner ses connaissances, il participe à des forums spécialisés d’amateurs, dans lesquels chacun apporte ses connaissances. « L’aéronautique de loisir est une passion qui réunit des gens d’horizons variés », fait-il remarquer.
Mais, rapidement, ce qui avait commencé comme une simple distraction, un hobby, prendra une tournure plus sérieuse. « Il y a quelques mois, j’ai présenté mon projet à des professionnels, ils étaient fascinés. Ils m’ont encouragé à le poursuivre et à entamer d’ores et déjà des contacts pour des débouchés dans la formation et l’entraînement de pilotes ».
Le constructeur entrevoit alors la possibilité de voir une compagnie aérienne s’intéresser à son œuvre. Pourquoi pas le transporteur national. « C’est un outil pédagogique. Une compagnie comme Royal Air Maroc par exemple pourrait l’utiliser comme simulateur de vol pour une phase intermédiaire de prise en main –car toute l’ergonomie y est- avant de faire passer les stagiaires dans le simulateur FFS (Full Flight Simulator) du B737, qui est très onéreux en investissement et en exploitation.
C’est moins cher et c’est tout aussi didactique », assure le constructeur amateur. A titre indicatif, le constructeur estime le coût d’un tel projet à quelque 30.000 euros contre plus de 30 millions pour un simulateur FFS.
Pacours
Grand mordu des airs, Abdelkarim M. Hachadi a derrière lui une longue formation dans les systèmes d’information, conduite des projets et développement produit. Ingénieur diplômé du Conservatoire national des arts & métiers (CNAM), Hachadi a déjà à son actif plus de 20 ans dans le domaine du conseil à l’international comme manager ou associé (Velez Consultants International, Deloitte consulting, GFI consulting, Aviation Technique Aéronautique …).
Il est consultant, et à ce titre il a travaillé depuis de nombreuses années pour des constructeurs et des équipementiers automobiles et aéronautiques. Parmi ses dernières missions au Maroc soutenues par la CEE, une étude et mise en œuvre d’un bureau d’études mutualisé pour les sous-traitants et équipementiers automobiles. Toujours dans le même sens, il a participé à une étude d’opportunité pour la création d’un centre de formation aux métiers de l’industrie automobile.
L’Economiste - Khadija El Hassani
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