À peine l’audience ouverte, la juge s’est aussitôt déclarée incompétente pour juger cette affaire en raison des faits qualifiés de « violence avec arme » et d’« injures racistes ». Il s’agit d’une affaire qui ne peut être jugée dans un tribunal à juge unique comme le tribunal de Dole. Le procès a donc été renvoyé à Lons-le-Saunier, le 22 juin. Désormais, trois juges se chargeront de l’affaire.
Les faits avaient eu lieu le 21 avril, en début d’après-midi, devant le domicile d’Adil Sefrioui – artisan électricien à Dole – situé derrière la gare ferroviaire. Une altercation avait éclaté entre lui et un Dolois de 72 ans qui se trouvait devant la palissade de sa terrasse et prenait des photos. « Il m’a dit aussitôt ’aaah, bicot, tu passes sous le capot aujourd’hui !’ Ça m’a choqué. Les gens sont gentils d’habitude, ils me disent “on n’aime pas les Arabes mais toi on t’aime bien”. J’ai du mal à leur en vouloir. Mais là, c’était différent, j’ai crié à ma femme d’appeler la police », racontait à L’Est Républicain Adil.
Présent à l’ouverture de l’audience, le président de SOS racisme Jura, une association qui s’est portée partie civile a relevé beaucoup de légèreté dans la manière dont la police et la justice ont traité le dossier. « Si Adil Sefrioui avait été à la place de l’agresseur, aujourd’hui il serait en prison », assure-t-il. Pour sa part, Randall Schwerdorffer, avocat d’Adil Sefrioui, demande qu’un juge d’instruction se saisisse de l’affaire, pour une éventuelle requalification en tentative d’homicide. Quant à Patrick Uzan, nouvel avocat de l’agresseur présumé, il a modifié la défense de son client. Il ne s’agit plus de légitime défense, mais d’un « contexte de violence réciproque », dont seule une partie est connue, par une vidéo “tronquée”.