Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.
Adulé par certains , traité de "collabo" par les islamistes marocains, Abdelilah Benkirane, 57 ans, a réussi à faire de son parti la première force politique du Maroc. La victoire du PJD aux législatives laisse perplexes les partis politiques convaincus que les islamistes n’avaient pas leur place au Maroc.
L’homme qui a rejoint dans les années ’70 l’organisation secrète de la Chabiba Islamiya, un mouvement radical des plus violents de l’islam politique dirigé par Abdelkrim Moutiî, devient vite le numéro deux de cette organisation avant de s’en séparer pour créer la "Jamaâ Islamiya" avec Saâdine El Othmani, le sage du PJD.
Incarcéré au milieu des années ’70 pour avoir appartenu à un mouvement clandestin, Benkirane décide de militer dans la légalité et fonde à la fin des années 1980 le mouvement réforme et renouveau (Jamaât Al Islah wa Tajdid) qui prône un Islam tolérant et adopte des positions modérées sur la monarchie.
"Al Islah wa Tajdid" engage le dialogue avec d’autres entités islamistes dans l’optique d’unir leurs rangs. C’est ainsi que la formation de Benkirane fusionne avec l’association de "L’avenir islamique" dirigée par Ahmed Raïssouni, et d’autres associations islamistes, qui formeront en 1996 le "Mouvement de réforme et d’unification".
Ce natif du quartier populaire d’Akkari, à Rabat, voulant exercer la politique en profitant de sa proximité avec la scène islamiste du pays, tentera de créer le "Parti du Renouveau National" (Tajdid Al Watani). L’initiative fût interdite par Hassan II, qui refusait qu’un parti islamiste exerce dans un pays dirigé par le commandeur des croyants.
C’est ainsi que Benkirane engage son mouvement "Al Islah wa Tajdid" dans l’action politique à travers le "Mouvement populaire démocratique constitutionnel" (MPDC), parti crée par le docteur Abdelkrim El Khatib, le défunt président du PJD, en 1967. Avec l’entrée des islamistes, le parti change de nom pour devenir le Parti de la Justice et du Développement présidé aujourd’hui par Abdelilah Benkirane.
Ce raz de marée islamiste n’aura pas pour autant calmé l’ardeur de la rue, ce qui a poussé le patron du PJD à inviter les mouvements 20 février et Al Adl Wal Ihssane au dialogue afin de les convaincre que l’action politique est désormais possible au Maroc, mais doit être menée de l’intérieur d’organisations officielles.
A l’annonce des résultats du vote, Abdelilah Benkirane s’est empressé de déclarer que le PJD n’était pas venu pour obliger les femmes à porter le voile ou pour scruter la vie privée des marocains, mais plutôt pour résoudre les problèmes socio-économiques majeurs du pays sans mettre en jeu la stabilité politique du Royaume.
Titulaire d’une licence en physique, Abdelilah Benkirane a enseigné à l’école nationale supérieure (ENS) avant de créer son groupe scolaire privé. Père de six enfants, dont quatre sont adoptés, l’homme qui ne mâche pas ses mots est désormais l’une des personnalités préférées des Marocains, qui aiment à répéter qu’il vaut mieux un leader qui appelle un chat un chat tout en servant les intérêts de la nation.
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