Le Maroc conjugue désormais au passé l’impact négatif du puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le peuple marocain et causé d’énormes dégâts matériels sur son tourisme. L’industrie se porte mieux que jamais.
Ils seront plus de 100 millions de touristes chinois à sillonner le monde en 2020, et déjà 20 millions aujourd’hui ! Cette projection est de l’Organisation mondiale du tourisme. Ce qui placera la Chine au 4e rang mondial des pays émetteur de touristes.
Mais le touriste chinois n’est pas le touriste français, et la Chine n’est pas les Etats-Unis ! L’Empire du Milieu a sa méthode bien à lui pour réguler ce flux. Et quand il s’agit de surveiller les allées et venues de 1,3 milliard de Chinois (17 millions de petits Chinois naissent chaque année, soit plus de la moitié de la population marocaine), les camarades du gouvernement central ne badinent pas avec les moyens.
Ainsi, pour réguler le flux touristique, la Chine désigne les pays où ses ressortissants sont autorisés à voyager ! Et pour s’assurer de l’efficacité de la gestion de ce flux, elle signe des accords avec les pays choisis pour organiser son tourisme, en mettant en place une sorte de canevas entre les agences desdits pays et celles opérant sur son territoire.
Le Maroc fait partie désormais des destinations touristiques autorisées par le gouvernement chinois ! Pour arriver à ce résultat, les choses n’ont pas été faciles.
Un « mémorandum d’entente », signé en avril dernier entre le ministère marocain du Tourisme et l’Office chinois du tourisme, explique comment organiser les voyages de touristes chinois au Maroc. On vous fait économie des détails. Mais de la même manière que les autorités chinoises exigent de tous les pays autorisés à accueillir les touristes chinois, elles demandent au Maroc d’établir une liste d’agences de voyages agréées. Lesquelles seront habilitées à travailler avec les agences chinoises qui, elles aussi, vu leur nombre, sont désignées sur la base d’une liste recommandée par le gouvernement chinois.
Pour répondre à cette exigence chinoise, le ministère du Tourisme lance un appel à manifestation d’intérêt aux agences de voyages marocaines, intéressées par le marché chinois. Le but n’est pas de trier les agences, mais de les « indexer » sur ce qu’il conviendra d’appeler « la liste d’agences » demandée par les Chinois. Une liste illimitée ou presque. Il va sans dire que les agences candidates à cet appel devront satisfaire à des dispositions d’un cahier des charges à même de faciliter le voyage et le séjour au Maroc de ces nouveaux touristes pas comme les autres. Le cahier des charges est sur le site Internet du ministère. Toutes les agences de voyages « compétentes et crédibles », selon les termes du mémorandum d’entente, peuvent intégrer cette liste. Faut-il comprendre dans cette précision, qu’il existe des agences de voyages peu recommandables ? En tout cas, l’indexation répondra à des critères consultables en ligne eux aussi, donc accessibles à tous. Les plus importants portent sur l’état de leurs finances, la qualité de leurs ressources humaines, la connaissance du marché mondial du tourisme.
Doit-on y voir une volonté des responsables du tourisme marocain de favoriser certaines agences au détriment des autres ? Au contraire ! Car tout est fait pour favoriser l’accès de toutes les agences de voyages marocaines au marché chinois. Ce qui, à coup sûr, donnera un sacré coup de pouce à la Vision 2010 et contribuera à relever, sans trop de peine, le défi des 10 millions de touristes à relever dans trois ans.
D’ailleurs, pour permettre aux agences qui ne pourront, pour une raison ou une autre, répondre à cet appel à manifestation d’intérêt ou de remplir les critères d’éligibilité, la liste chinoise sera actualisée tous les ans. Ce qui laisse une chance à toutes les agences qui n’ont pas répondu à cet appel, par manque de temps, faute d’information, ou qui considèrent simplement ne pas être suffisamment prêtes pour s’ouvrir au marché chinois. Une commission composée de représentants de l’administration publique et de la Fédération nationale des agences de voyages sera chargée de l’examen des dossiers de candidature.
Seize pays africains seulement, dont le Maroc, sont autorisés comme destination touristique pour les Chinois. Avant même le choix chinois, le Maroc a reçu l’année dernière 1.500 touristes en provenance de l’Empire du Milieu. Voilà qui laisse entrevoir un bel avenir à nos professionnels.
L’Economiste - Bachir Thiam
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