La société britannique Chariot Oil & Gas a récemment annoncé avoir fait une importante découverte de gaz naturel au Maroc, dans la licence « Loukos Onshore ».
Le premier réacteur nucléaire de recherche marocain est fin prêt. De type Triga Mark II, il subit actuellement des essais à froid. La partie nucléaire sera déclenchée courant décembre.
Tous les préalables techniques et réglementaires ont été remplis. L’annonce officielle de son lancement est attendue dans les jours qui viennent. Celle-ci est tributaire d’une décision politique, ce qui explique également le retard pris dans la mise en place de ce réacteur.
Installé à 25 km de Rabat, ce dernier relève du Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN). De technologie américaine, ce réacteur a été acquis par le Maroc auprès de General Atomics pour la somme de 5 millions de dollars (45 millions de DH). A ce montant s’ajoutent les frais d’installation et d’équipement du centre qui l’abrite, fruit d’un financement français sous forme de crédit concessionnel (un tiers accordé sous forme de dons). Ce centre s’étend sur 4.000 m2 et comprend, outre le réacteur, des laboratoires d’application. Le réacteur verra l’implication de quelque 220 personnes (docteurs, ingénieurs, techniciens, agents…). Tous ont bénéficié de formations de pointe et dans les quatre coins du globe (USA, France, Chine…)
Ce réacteur de deux mégawatts est dédié à la recherche et l’expérimentation. Le pays est encore loin des réacteurs de puissance ou de l’électronucléaire. Son utilité est cependant capitale pour des secteurs comme la médecine, l’eau, l’agriculture et la recherche scientifique.
Triga Mark II servira ainsi à la production des radio-isotopes pour la médecine. Cette technologie entre notamment dans le cadre du traitement du cancer. En matière d’eau, le recours au nucléaire est de mise dans la prospection et l’évaluation des ressources hydrauliques (âge d’eau, rechargeabilité de certaines nappes). Ce procédé permet aussi de lutter contre la pollution marine et fluviale. Pour l’agriculture, cette technologie intervient dans l’optimisation des fertilisateurs en permettant une meilleure sélection des engrais, et à moindre coût. Il aura également un apport quant au contrôle de la qualité de certaines industries (raffineries, sucreries…).
L’intérêt principal de ce réacteur réside dans la constitution d’un patrimoine scientifique important, tant en équipements ultra high-tech qu’en savoir-faire technologique. La recherche scientifique en bénéficiera largement. Le réacteur de recherche est ainsi un prélude, une porte d’entrée du Maroc dans ce domaine. En matière de sécurité, les responsables du projet rassurent. Les réacteurs Triga sont renommés pour leur sûreté, car le combustible nucléaire règle automatiquement la puissance, et peut arrêter le réacteur, si nécessaire. Et toutes les options de sécurité et de sûreté du site ont été prises. Les autorisations ont été obtenues. Les audits d’experts internationaux et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont été concluants. Marque de confiance de l’AIEA : c’est au Maroc que les formations sur la radioprotection adressées aux pays africains francophones sont organisées. Le pays est ainsi érigé en centre régional en la matière.
L’empreinte Eisenhower
Le ministre de tutelle l’avait à maintes fois martelé : le Maroc n’a pas besoin, actuellement, de l’énergie nucléaire. Mais rien n’empêche un recours dans les décennies à venir à un réacteur de puissance. Le réacteur de recherche est présenté dans ce sens comme un début. Il existe actuellement 35 réacteurs Triga aux Etats-Unis et autant en dehors du territoire américain (Japon, Italie, Brésil, Iran, Mexique). Fruit de la politique d’Atoms for Peace (le Nucléaire pour la Paix) de l’ancien président américain, Eisenhower, cette technologie avait comme but de faciliter l’accès au nucléaire pour les pays en voie de développement.
L’Economiste - Tarik Qattab
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