La première composante est la plus intéressante pour le pays d’accueil, car elle s’accompagne, outre les flux financiers, de création d’emplois. Cependant, c’est la deuxième composante qui est la plus importante, puisque les fusions-acquisitions ont représenté 78% des IDE totaux dans le monde. C’est ainsi qu’en 2005, 142 opérations de fusions-acquisitions de plus de 1 milliard de $ ont été réalisées, soit deux fois plus qu’en 2004.
Au niveau des pays investisseurs, si la part des pays développés reste prépondérante (Europe, Etats-Unis, Japon), on note ces dernières années une progression des IDE réalisés par les pays en développement. C’est ainsi qu’ils ont représenté 117 milliards de $ en 2005, soit une part de 17% du IDE totaux, contre seulement 10% en 1982. Les principaux investisseurs des pays en développement sont Honk-Kong, la Chine, l’Inde, la Russie, Singapour, Taiwan et le Brésil. Chose quasi inexistante il y a une vingtaine d’année, les pays en voie de développement participent maintenant aux fusions-acquisitions des grandes entreprises. Ils ont réalisé en 2005 17% du total des fusions-acquisitions opérées dans le monde. La plus emblématique a été le rachat de la firme métallurgique européenne Arcelor par l’indien Mittal Steel. Il faut noter enfin que les pays en développement investissent également dans les pays du Sud : la Chine y investit 25% de ses investissements mondiaux, et les pays pétroliers arabes commencent à diversifier leurs investissements vers des pays du Sud.
Au niveau des pays d’accueil des IDE, les pays développés représentent encore une part de 60%, contre 36% pour les pays en voie de développement et 4% pour les pays en transition (Ex-Union Soviétique). En ce qui concerne les pays en développement, c’est l’Asie qui concentre la part du lion, puisqu’elle accueille 50% des IDE orientés vers les pays en développement (165 milliards de $). Tout le monde a à l’esprit les énormes investissements réalisés en Chine ces dernières années. En 2005 cependant, les IDE ont progressé énormément au Moyen-Orient (+85%) et en Afrique (+78%), attirés surtout par les ressources naturelles : pétrole, gaz, mines. Mais la part de l’Afrique reste minime : 31 milliards $ représentant 3,3% des IDE mondiaux. De plus la moitié des investissements réalisés en Afrique se font dans les pays producteurs de pétrole : Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Tchad, Mauritanie, Soudan.
Où se place le Maroc dans les IDE mondiaux ?
L’année la plus forte du Maroc a été l’année 2001 avec des IDE de l’ordre de 3,6 milliards de $. En 2005, ils ont diminué à 2,9 milliards de $, et ont représenté 0,3% des investissements mondiaux, et 9,35% des IDE réalisés en Afrique. En 2005, le Maroc s’est classé au 4ème rang après l’Afrique du Sud (6 milliards de $), l’Egypte (5,4 milliards de $), et le Nigeria (3,4 milliards de $).
Les taux d’IDE les plus élevés au Maroc sont réalisés surtout grâce aux privatisations d’entreprises marocaines par les investisseurs étrangers. C’est le cas en 2001 et en 2003 avec l’achat par Vivendi de Maroc-Telecom. Cependant en 2005, les autres secteurs économiques ont connu une bonne progression : tourisme, immobilier, industrie, assurances. L’année 2006 s’annonce sous de bons auspices, puisqu’il a été déjà réalisé près de 2,3 milliards de $ d’IDE pendant le premier semestre 2006, notamment en provenance du Moyen Orient. D’autre part, toujours pendant le premier semestre 2006, le Maroc a réalisé des investissements directs à l’étranger de 174 millions de $ principalement en Afrique. Malheureusement les IDE au Maroc sont peu diversifiés par pays d’origine. Durant les cinq dernières années, la France et l’Espagne ont réalisé 80% des IDE : 66% par la France et 14% par l’Espagne. Les autres pays ont réalisé moins de 2,5% chacun (Allemagne, Suisse, EAU, Grande Bretagne, Arabie Saoudite, USA, Koweït, Pays-Bas).
Que faire pour augmenter les IDE au Maroc ?
A mon sens, trois axes sont à privilégier pour promouvoir les IDE, indispensables à la croissance économique de notre pays. Il s’agit tout d’abord d’améliorer l’attractivité du Maroc en matière d’investissements, car la concurrence est rude, et tous les pays, même les plus développés, font des efforts énormes pour attirer les investissements étrangers sur leur sol. L’approche doit être globale : disponibilité des terrains, incitations fiscales, bonne gouvernance de l’Administration en général et la justice en particulier, facteurs de production attractifs, sélection des secteurs porteurs.
Le deuxième axe de développement est la diversification des sources d’investissements. L’économie mondiale subit de grands changements : le pouvoir économique et financier s’oriente de plus en plus vers l’Amérique, l’Asie et le Moyen Orient. C’est vers ces trois régions que les efforts doivent être multipliés.
Le troisième axe est la promotion du Maroc à l’étranger qui est insuffisante. Certes des efforts conséquents ont été réalisés ces dernières années pour la promotion IDE du notre pays. Il faut souligner l’action efficace et soutenue de la Direction des Investissements, qui a boosté les IDE au Maroc, et qui organise chaque année au Maroc les « Intégrales de l’Investissement » qui attirent de nombreux investisseurs étrangers. Mais il faut multiplier les actions de promotion à l’étranger, et doter nos représentations à l’extérieur de cadres compétents, à même d’expliquer et de convaincre les investisseurs à venir au Maroc.
jawad KERDOUDI - Consultant Economiste - Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)