
Le Maroc attire plus que jamais les investissements étrangers. En témoigne le dernier rapport publié par l’Office des Changes.
Indicateur de l’anticipation des promoteurs sur les perspectives de l’économie, l’investissement connaît actuellement une effervescence rarement égalée par le passé. De la plus petite entreprise à la plus grande organisation, les agents économiques parient donc sur une croissance durable de l’économie. L’Etat et les entreprises publiques donnent l’exemple et sont en première ligne avec pas moins de 54 milliards de dirhams d’engagements annoncés cette année. La preuve que Keynes n’est pas mort et que pour une économie de la taille du Maroc, le rôle tracteur de l’investissement public est capital.
S’ils n’en sont pas les destinataires exclusifs, le tourisme et les infrastructures de manière générale, drainent l’essentiel des flux d’investissement. La lecture du bilan des programmes « conventionnés » ne laisse aucun doute.
Le diable est dans le détail
Mais comme disent les rugbymen, l’essai est marqué, reste à le concrétiser. C’est bien dans cette situation que se trouve actuellement le tableau de l’investissement. La question du financement, une des composantes décriées des fameux « 3F » est certes réglée, mais il reste encore des efforts à faire de part et d’autre.
Côté PME, un effort de transparence, et côté banques, un peu plus d’audace et moins de frilosité envers les plus petites entreprises. Pour autant, les plus « sérieuses » d’entre elles n’éprouvent aucune difficulté à trouver du financement.
Le point sur lequel il faudra progresser, sans aucun doute, concerne la gouvernance, c’est-à-dire la chaîne de décision qui gravite autour de l’acte d’investir car le « diable est dans le détail ». Avec le recul, la création des CRI (centres régionaux d’investissement) a été une belle avancée en banalisant la délivrance de certaines attestations. Mais pour des raisons inconnues, ces centres n’ont pas pu déployer l’action d’accompagnement qui fait partie de leur cahier des charges. La plupart sont dans une logique d’attente et moins d’anticipation. S’il faut s’occuper de nouveaux projets, il ne faut pas perdre de vue de sauvegarder l’existant. Cette problématique se pose surtout pour des secteurs exposés à la globalisation et dont, pour certains, il va falloir imaginer des solutions de reconversion de la main-d’œuvre.
Le wali désavoué par l’administration centrale
Par ailleurs, l’esprit de la réforme des CRI, c’est-à-dire le principe de subsidiarité voulue par les instructions royales, n’a pas été, semble-t-il, totalement appliqué. La volonté de déconcentration de l’acte fondateur des CRI était maximale. La règle est de traiter au niveau local, en restant, bien entendu, dans le cadre de la loi, et l’exception, c’est de renvoyer à l’administration centrale. Ça n’est pas encore vrai aujourd’hui.
Il arrive d’ailleurs qu’un promoteur signe la convention avec le gouvernement à Rabat devant les caméras, et une fois arrivé sur le terrain, il découvre des difficultés pour réaliser son projet en raison des contraintes liées à la ville, contraintes souvent liées aux règles urbanistiques ou au foncier.
Dans bien des cas, le Centre régional d’investissement du lieu d’implantation choisi par l’investisseur découvre le projet à la télévision en même temps que le téléspectateur. Bonjour la coordination !
Le plus grave est que le wali, représentant de l’Exécutif au niveau local, est souvent désavoué par une administration centrale, sur l’épineuse question du foncier pour laquelle au passage, il était prévu la mise en place d’une commission locale, structure qui n’a jamais vu le jour.
L’Economiste - Abashi Shamamba
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