Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.
Les habitants du village d’Anfgou, à 200 km de Khénifra, ne sont pas près d’oublier leurs proches morts de froid l’an dernier. Mais, pour eux, la vie continue. Et, désormais, celle-ci s’inscrit sous de nouveaux auspices depuis la visite du Souverain, le week-end dernier. De grands chantiers pour structurer cette bourgade perchée sur le Haut-Atlas ont été lancés. Route, électricité, eau potable, écoles, dispensaires, etc…
Bref, des infrastructures de base, jusque-là absentes dans la région. Pour la petite histoire, c’est en février 2007 qu’Anfgou est sorti de l’oubli. Le 20 décembre 2006, un message atterrit chez le gouverneur : « Regret de vous informer du décès de 8 enfants ». Quelques jours plus tard, on compte une trentaine de victimes, mortes à cause du froid. Le 10 janvier, L’Economiste édite un reportage- photos sur « Le monde oublié de Anfgou ». Exclusives et choquantes, ces images ont montré la détresse d’un village « du Maroc inutile ». Anfgou était dénué de tout, même de l’essentiel. Le 3 février 2007, les habitants, soit plus de 1.200 habitants, organisaient une marche de protestation avec l’espoir d’attirer l’attention des autorités sur leur condition.
Aussitôt, une commission ministérielle s’est rendue sur place, pour découvrir un Maroc... inconnu et privé de tout. Des projets d’un coût de 23 millions de DH avaient été, alors, lancés par la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Un an après, le Roi leur rend visite et constate de visu l’état des lieux. Les 2 et 3 mai resteront gravés dans la mémoire du village. A cette occasion, la population a « mis les petits plats dans les grands » pour recevoir dignement le monarque. Sans luxe ostentatoire, mais avec simplicité et chaleur, comme savent le faire ceux qui ont à peine le minimum pour vivre. Au passage du Roi, on lui remet des lettres de doléances en espérant qu’elles trouveront écho. Mais peu importe, le plus important, la contrée va connaître le développement. De fait, trois conventions dans les domaines des télécommunications et des infrastructures routières ont été signées samedi dernier.
Selon Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport, ce programme porte sur le désenclavement total de la région d’Anfgou en la reliant, d’une part, à Amenzi et Tounfit et, d’autre part, à Imilchil, via une nouvelle route. Celle-ci, longue de 45 km , sera réalisée en partenariat avec la région Meknès-Tafilalet et la direction générale des collectivités locales. A noter que le coût d’aménagement moyen des routes d’Anfgou atteindra les 5 millions de DH /km.
Des opérations très coûteuses en raison des terrains très escarpés et difficiles. Les travaux seront achevés fin 2010. D’autre part, le village d’Anfgou, au même titre que d’autres localités rurales de la province, sera desservi en téléphonie et Internet dans le cadre du programme d’accès généralisé aux télécommunications. Ce programme nécessitera une enveloppe de près de 497 millions de DH. A noter que la localité d’Anfgou a été couverte par le réseau mobile GSM en 2007.
Dans le domaine sanitaire, Anfgou sera doté d’une maison d’accouchement tandis que le secteur de l’enseignement bénéficiera d’une enveloppe de plus de 53 millions de DH.
Reste à signaler que la mise à niveau et le développement de la province de Khénifra, pour la période 2008-2011, coûtera une enveloppe budgétaire globale de 1,3 milliard de DH. Des investissements afin que les gens ne meurent plus de froid…
Source : L’Economiste - Youness Sâad Alami
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