Au Maroc, l’administration fiscale a changé les modalités de cession des biens immeubles, afin d’augmenter les rentrées des taxes locales, parent pauvre des recettes du Trésor.
Tamesna, Tamansourt, Bab Zaër, les noms de trois « villes nouvelles » qui vont apparaître sur la carte du Maroc. Derrière ce concept, l’idée est de créer des centres urbains autonomes ou des villes-satellites aménagées à la périphérie de grands centres urbains (Marrakech et Rabat) afin d’alléger la pression sur ces villes.
La création des « villes nouvelles » obéit à un double impératif : faire face aux besoins croissants des populations en matière d’habitat et contribuer à l’éradication des bidonvilles. Selon les responsables qui ont tiré les leçons des erreurs des programmes antérieurs, notamment à Casablanca, les villes nouvelles ne doivent pas ressembler à des cités-dortoirs. Elles seront dotées d’un maximum d’infrastructures et d’équipements collectifs : administrations, écoles, dispensaires, mosquées et complexes sportifs. Elles seront par ailleurs connectées aux réseaux de transport urbain afin de favoriser la mobilité des habitants, condition sine qua none pour y créer aussi un minimum d’activité économique, et portant comme une source de revenu pour les résidents. Pas question donc de refaire d’immenses cités-dortoirs avec ce que cela suppose comme risques sociaux.
Les premières opérations d’aménagement des villes-satellites ont été lancées à Marrakech et Rabat. A en croire les prévisions du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, d’autres suivront à Tanger, Tétouan et Agadir. La ville-satellite près de Marrakech, Tamansourt, abritera 40.000 logements dont plus de la moitié de type HLM capables d’accueillir 200.000 habitants. La nouvelle ville de Tamansourt et son écosystème nécessitera la bagatelle de 10 milliards de dirhams. L’avantage est donc de diversifier et d’élargir l’offre en proposant des prix bien plus bas que ceux pratiqués à Marrakech intra muros.
Réalisés dans le cadre d’un partenariat public-privé sur une superficie de 175 ha, les travaux à Tamansourt avancent plus rapidement que prévu. « C’est un projet qui respecte minutieusement le chronogramme », indique-t-on auprès des responsables du ministère de l’Habitat. En 2007, à peine deux ans après son lancement, la ville-satellite de Marrakech accueillait ses premiers habitants et au total 300 ha de villas économiques (499 résidences) ont été livrées.
Après la ville ocre, c’est au tour de Rabat d’abriter dans sa banlieue une nouvelle ville-satellite, Tamesna. La cité est édifiée sur une superficie de 860 ha et devra accueillir quelque 250.000 habitants. Comme pour Tamansourt, c’est le holding Al Omrane qui est en charge de ce projet dont le coût global est estimé à 15 milliards de dirhams. Sur les 52.000 logements programmés, 10.000 unités seront destinées aux ménages à faibles revenus.
La nouvelle ville en cours de réalisation à Sidi Yahya Zaër couvrira 30% du déficit global de la région en matière d’habitat estimé à 171.000 unités à l’horizon 2015, selon Mohamed Benyahia, directeur de Tamesna. Les 42.000 restants sont des standings variés et hiérarchisés afin de favoriser la mixité sociale. Par ailleurs 70 ha seront dédiés aux activités génératrices de revenus, une solution pour ne pas transformer Tamesna en une ville-dortoir. Elle sera équipée aussi d’un campus pour l’enseignement supérieur. L’aspect environnemental est aussi présent. Outre la forêt avoisinante, 120 hectares sont réservés à la création de parcs et d’espaces verts.
Tamesna ne sera pas la seule ville-satellite de la capitale, une autre, verte cette fois, recevra ses premiers habitants en 2010, baptisée Bab Zaër. Le projet s’étend sur un domaine agricole de 3000 hectares dans la commune de Oum Azza. A moins de 30 kilomètres de Rabat, Bab Zaër sera une ville « idéale », loin des modes standardisés. A terme, en 2030, près de 82.000 personnes devront y vivre. Etudes de marché, études urbaines et architecturales, études financières et contrôle qualité, le tout chapeauté par la société d’aménagement de Bab Zaër (SDBZ).
Ancrée dans une conception écologique dans la gestion urbaine, cette ville aura une faible densité globale d’habitants et respectera sa connotation rurale. « Il y aura beaucoup de verdure, pas de barre de béton ni d’immeubles de plus de quatre ou cinq étages », affirme un cadre travaillant sur le dossier. Bab Zaër autorisera l’agriculture urbaine intégrée et sera dotée de tous les équipements collectifs nécessaires.
L’eau sera obtenue grâce à un système de rétention, de récolte des eaux de pluies, de drainages superficiels et de recyclages. L’électricité verte sera épaulée par le solaire qui servira à la production domestique de l’eau chaude sanitaire ainsi qu’à l’éclairage public. Un partenariat public/privé inédit au Maroc, selon les promoteurs. Déjà en 1996, le projet Sala Al Jadida inaugurait la politique des nouvelles villes au Maroc. L’ensemble du parc de logement comprenant 15.096 logis, en grande partie sociaux, a été réalisé. La capitale accapare ainsi la majorité des nouvelles villes-satellites. Rabat était à l’étroit, ces nouvelles villes vont lui permettre de « respirer ».
Source : L’Economiste - A.E.Y.
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