Vaucluse : des travailleurs marocains arnaqués par leur employeur

10 décembre 2023 - 16h30 - France - Ecrit par : S.A

Après plusieurs mois, des travailleurs marocains se retrouvent sans salaires, et vivent dans des conditions inhumaines. La procureure de la République de Carpentras et le tribunal des prud’hommes d’Avignon se sont saisi de l’affaire.

Arrivés au printemps à Malemort-du-Comtat pour des travaux viticoles et de maraîchage, en CDD, pendant cinq ou six mois, dix-huit Marocains vivent « un enfer » depuis plusieurs mois. Ils n’ont reçu que quelques acomptes. Pas de salaire. Pire, ils vivent dans des conditions indignes dans une villa toujours en chantier, sans eau, ni gaz, ni électricité. En d’autres termes, pas de lumière, de chauffage, de douche, ni toilettes ni plaques électriques pour se préparer à manger. « Je souffre beaucoup. Nous avons froid, nous ne dormons plus », raconte à France Bleu Vaucluse Driss, 27 ans.

À lire : Une Marocaine victime d’esclavage moderne en France

Tous les 18 travailleurs agricoles marocains peuvent toutefois compter sur des bénévoles. Ceux-ci leur offrent gratuitement des couvertures, des vêtements chauds et de la nourriture. Ils ont aussi la possibilité de recharger leurs téléphones dans une coopérative agricole se trouvant en face de leur logement et de se voir offrir du café le matin. « C’est la honte », confie l’un de ces bénévoles. La préfecture de Vaucluse entend leur proposer un hébergement d’urgence temporaire, dans la mesure des places disponibles. « Les services de l’État examineront une éventuelle action en remboursement des sommes engagées pour cet hébergement auprès de l’employeur », explique-t-elle.

À lire : Accident à Huelva : la précarité des saisonnières marocaines dénoncée

L’affaire a été portée devant l’inspection du travail. Une enquête suit son cours. Lors d’une première audience, le tribunal des prud’hommes d’Avignon a enjoint leur employeur de les payer. « Je vais les payer, se justifie leur employeur, Michel Jean auprès du même média. Je n’ai jamais eu l’intention de ne pas les payer. Les bulletins de salaires sont prêts, j’attends les autres décisions de justice ». Selon les explications de l’agriculteur, le retard dans le paiement des salaires se justifie par le fait que les travailleurs marocains auraient réclamé davantage que ce qui était prévu.

À lire : Des Marocains réduits à l’esclavage à Rouen

Hervé Proksch, délégué syndical chez Force Ouvrière, en charge notamment du service juridique, représentant par ailleurs les Marocains aux prud’hommes évoque un « défaut de l’employeur sur le non versement des salaires » pour la plupart des travailleurs qui ont des contrats de travail. « Mais pour d’autres, il n’y a ni salaire ni contrat de travail. C’est donc du travail dissimulé », ajoute-t-il. La procureure de la République de Carpentras est également saisie de l’affaire, est-il par ailleurs précisé.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Avignon

Aller plus loin

Des Marocains réduits à l’esclavage à Rouen

Un patron marocain s’est absenté à son procès qui s’est ouvert lundi devant la chambre des appels correctionnels de la cour d’appel de Rouen lundi 7 novembre 2022. Cinq de ces...

Narbonne : un viticulteur condamné à la prison ferme pour avoir exploité des Marocains

Le tribunal correctionnel de Narbonne a condamné, ce lundi 4 mars, un homme de 30 ans à huit mois de prison ferme pour avoir employé des travailleurs marocains en situation...

Une Marocaine victime d’esclavage moderne en France

Alors qu’elle espérait une vie meilleure en quittant le Maroc pour la France, une Marocaine travaillant dans les vignes a été réduite à l’esclavage. Aidée par une association,...

France : du changement dans le recrutement des saisonniers marocains

À l’initiative de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA), 1200 saisonniers marocains ont été recrutés en 2022 pour Lot-et-Garonne, le...

Ces articles devraient vous intéresser :