Dernier épisode de cette évolution, la politique de "Nouveau Voisinage" de l’UE élargie, lancée en direction de certains pays qui sont plus avancés que d’autres dans leurs programmes de réformes. Outre le Maroc, six autres pays sont concernés par cette nouvelle politique européenne : Russie, Ukraine, Moldavie, Tunisie, Jordanie et Israël.
Le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi, avait insisté pour que l’UE s’attache à développer des relations spéciales avec chacun de ces pays afin d’établir autour d’elle un "anneau d’amis".
Ce cercle devrait se définir par des rapports de plus en plus étroits entre l’Europe et ses voisins immédiats, excluant toutefois l’intégration à l’UE. Une orientation exprimée laconiquement par la formule "tout sauf les institutions".
Dans cette perspective, le Commissaire européen chargé de l’élargissement, M. Gunter Verheugen, compte effectuer une visite au Maroc début 2004 pour examiner avec les responsables marocains les perspectives de ce "partenariat privilégié" entre l’UE et le Royaume.
Cette première prise de contact sera essentiellement consacrée à un échange de vues sur le concept de "Nouveau voisinage de l’Europe Elargie", des discussions devant suivre en vue de l’élaboration d’un Plan d’Action-Maroc pour le printemps 2004.
La politique de Nouveau Voisinage ne devrait toutefois pas entraver la mise en oeuvre de l’Accord d’Association. Au contraire, assure la Commission européenne, cette initiative devrait constituer un "complément" du Partenariat euroméditerranéen engagé entre l’UE et les pays de la rive Sud de la méditerranée pour la mise en place d’une zone de libre échange à l’horizon 2010.
Partisan convaincu d’une relation différenciée allant au delà du cadre actuel vers un plus grand ancrage à l’Europe, le Royaume s’était félicité de l’adoption, début 2003, d’une méthode de travail qui s’inspirait largement du modèle mis en oeuvre par l’UE avec les pays d’Europe de l’Est et futurs membres de l’Union.
L’institution de sous-comités bilatéraux pour favoriser une concertation et une coordination avancées ont constitué l’aboutissement naturel de cette démarche.
L’UE, de son côté, tout en reconnaissant l’attachement du Maroc aux objectifs du partenariat euroméditerranéen, a qualifié le Royaume de "partenaire extrêmement actif" au sein du processus de Barcelone.
La contribution du Maroc "continue à être très appréciée par l’Union européenne", avait indiqué la présidence de l’UE dans une "déclaration politique" publiée à l’issue de la troisième réunion du Comité d’Association Maroc-UE, le 21 octobre dernier à Rabat.
Pourtant, les consultations denses engagées de part et d’autre en vue d’asseoir une relation rénovée n’ont pas toujours été faciles, notamment sur le dossier agricole, où un accord sur la libéralisation des échanges n’a pu être atteint que fin octobre, au terme d’une année et demi de négociations ardues.
Qualifié par les deux parties d’arrangement "bien équilibré", l’accord offre à la fois une amélioration de la flexibilité et une augmentation des exportations marocaines vers l’UE, en échange d’importations de blé tendre selon un système qui tient compte du niveau de la production nationale selon les campagnes agricoles.
Au plan de la mise en oeuvre de l’Accord d’Association, la plupart des mécanismes institutionnels prévus ont fonctionné de manière globalement satisfaisante, les résultats obtenus dans le domaine de la coopération financière ayant montré une amélioration des décaissements des financements engagés par l’UE.
Ceux-ci ont été portés à 43 pc en 2002 alors qu’ils n’avaient pas dépassé 26 pc une année auparavant, faisant du Maroc l’un des premiers pays bénéficiaires du programme MEDA, le principal instrument financier du Partenariat euroméditerranéen.
Au niveau commercial, les échanges avec l’UE représentent quelque 63 pc du volume global du commerce extérieur du Maroc, alors que les investissements européens dans le Royaume connaissent une nette progression.
Enfin, la Commission européenne, qui ne cesse d’insister sur le caractère vital du libre échange Sud-Sud comme complément essentiel au libre échange Nord-Sud, a apprécié "très positivement" l’initiative d’Agadir, dans le cadre de laquelle le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie ont déjà paraphé un accord afin d’accélérer la libéralisation des échanges entre eux, tout en laissant la porte ouverte à d’autres pays de la région pour s’y joindre.
Mohamed Nassibi-MAP / Menara.ma