Tunnel du détroit : un gouffre financier pour l’Espagne

1er juillet 2023 - 18h10 - Espagne - Ecrit par : P. A

L’Espagne a dépensé des millions d’euros dans les études de faisabilité du projet de tunnel ferroviaire la reliant au Maroc dans le détroit. D’énormes ressources ont été englouties pour le fonctionnement de la Secegsa, la société d’études espagnole en charge du dossier depuis 42 ans.

Le Maroc et l’Espagne ont signé en 1979 une déclaration d’intention commune sous Hassan II et Juan Carlos I pour construire un tunnel sous-marin de 42 km dans le détroit. Le projet est destiné à relier l’Europe à l’Afrique. Mais depuis lors, la construction du tunnel n’a pas démarré. Malgré la création des deux entreprises publiques d’études, la SNED au Maroc et la SECEGSA en Espagne dans les années 1980, le tunnel est resté à l’étape de projet, fait savoir Público.

À lire : Maroc-Espagne : les études du tunnel lancées, un nouvel accord attendu pour sa réalisation

Depuis 43 ans, pas une seule pierre n’a été posée. Pourtant, des études environnementales et de faisabilité technique du projet ont été réalisées. Dans les années 90, les deux sociétés d’études marocaine et espagnole ont organisé des réunions à Tanger, Madrid, Marrakech et Séville pour faire le point des études menées de part et d’autre sur le projet. Entre 1981 et 2014, 10 relevés marins, dont quatre en profondeur, ont confirmé la complexité orographique et hydraulique d’un tel projet dans un espace maritime instable, marqué par la confluence de la Méditerranée et de l’océan Atlantique.

À lire : Un tunnel de 42 km pour relier l’Europe à l’Afrique : le projet ambitieux de l’Espagne et du Maroc

Dans un rapport sur la période 1997-2001, la Cour des comptes espagnole a noté une « discontinuité » dans l’exécution des études et une « stagnation » de l’activité principale de SECEGSA, relevant un « excédent significatif » de trésorerie. En 2017, la société comptait dix salariés pour une masse salariale de 384 000 euros par an, dont près de la moitié, soit 181 500 euros, étaient alloués aux deux postes de direction. Les subventions de l’État au cours des sept dernières années s’élèvent à 1,3 million d’euros, a dénoncé l’institution qui relève des progrès « faibles ».

À lire : Gros doutes sur la faisabilité du tunnel entre le Maroc et l’Espagne

Le tunnel est « sur le point de se concrétiser », rassure José Luis Goberna, le président de la SECEGSA, convaincu que les avancées technologiques dans l’industrie du forage de tunnels permettront d’« accélérer » ce projet « d’une grande complexité » dont la réalisation favorisera « le développement durable, la prospérité et la stabilité de toute la région ». Le projet est viable, selon Alejandro Castillo, ingénieur civil et professeur à l’Université de Grenade. Il devrait nécessiter un investissement de 20 milliards d’euros, représentant 2 à et 5 % du produit intérieur brut (PIB) espagnol. Sa réalisation pourrait durer 10 à 15 ans.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Maritime - Transport ferroviaire

Aller plus loin

Un train direct entre Casablanca et Madrid ?

La réalisation d’une liaison ferroviaire entre Casablanca et Madrid est envisageable dans le cadre de la mise en œuvre du projet de tunnel ferroviaire sous le détroit de...

Tunnel Maroc - Espagne : 43 ans d’attente et des millions dépensés

La Société espagnole d’études pour les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa), en charge du projet de tunnel reliant l’Espagne au Maroc sous le...

Gros doutes sur la faisabilité du tunnel entre le Maroc et l’Espagne

Le tunnel ferroviaire devant relier l’Espagne et le Maroc via le détroit de Gibraltar ne verra pas le jour. En lieu et place, une connexion pour la fibre et les...

Tunnel sous le détroit : un gouffre financier pour l’Espagne

Le gouvernement espagnol a augmenté les subventions allouées à la Société espagnole d’études sur les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA), en charge...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’ONCF lance la phase décisive pour le TGV Kénitra-Marrakech

L’Office national des chemins de fer (ONCF) s’active pour la concrétisation rapide du projet de la Liaison à grande vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech.

Un nouveau pas vers la réalisation du TGV Kénitra-Marrakech

L’Office national des chemins de fer (ONCF) accélère la réalisation de la Ligne à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra à Marrakech. Après les travaux de génie civil, ceux relatifs à l’installation du système de signalisation et de télécommunications...

Les travaux du câble sous-marin « Medusa » traversant le Maroc, bientôt lancés

La construction de « Medusa », le câble sous-marin devant relier l’Afrique du Nord au sud de l’Europe en passant par le Maroc, va bientôt démarrer. Il vise à favoriser la connectivité dans la région.

Le Maroc mise sur les trains

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a réalisé ces dernières années d’importants investissements pour moderniser sa flotte de trains et réhabiliter certaines lignes ferroviaires, a indiqué le ministère des Transports et de la logistique.

Le grand chantier du TGV Kénitra-Marrakech démarre

Le projet de Ligne à grande vitesse reliant Kenitra à Marrakech est entré dans sa phase active. L’Office national des chemins de fer (ONCF) vient de confier à six entreprises les travaux de déblaiement et de préparation du tracé de la ligne, pour un...

TGV Kénitra-Marrakech : une société marocaine au cœur du dernier chantier

La société marocaine Mojazine vient d’être sélectionnée par l’Office national des chemins de fer (ONCF) pour réaliser le septième et dernier lot des travaux de génie civil de la future ligne à grande vitesse (LGV) devant relier Kénitra à Marrakech.

Investissement massif dans le rail marocain

L’Office national des chemins de fer (ONCF) veut renforcer le rail national. Il vient de lancer un appel à concurrence pour acquérir de nouveaux et différents trains.

Trains au Maroc : cinq géants du rail en lice pour un mégacontrat

L’appel à concurrence lancé par l’Office national des Chemins de fer (ONCF) pour acquérir 168 nouveaux trains, dont 18 trains à grande vitesse aiguise les appétits. Cinq constructeurs ferroviaires internationaux se battent pour décrocher ce méga contrat.

Oujda sera relié par le TGV

L’Office national des Chemins de Fer (ONCF) nourrit de grandes ambitions pour le transport ferroviaire. En témoigne son plan ferroviaire dévoilé par Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique.

Ports marocains : Une manne inattendue grâce aux attaques en mer Rouge ?

Alors que les attaques des rebelles houthis perturbent sérieusement le trafic maritime mondial, le Maroc dont les ports sont choisis par les industriels européens tire profit de la crise sécuritaire en mer rouge.