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Les envois de fonds par la communauté marocaine installée à l’étranger ont connu ces deux dernières années une progression soutenue. Cette tendance semble se poursuivre en 2003 avec la hausse de 10,5 % des transferts cumulés sur les quatre premiers mois de l’année.
Loin de tenir à des facteurs incidents ou de nature conjoncturelle, cette évolution résulte des transformations profondes qui sont en train de reconfigurer l’émigration marocaine tant au plan de sa composition intergénérationnelle qu’à celui des conditions de son installation dans les pays d’accueil et ses rapports avec le pays d’origine. Le rajeunissement progressif, la féminisation de plus en plus marquée et l’amélioration du niveau de qualification ont constitué les principales tendances de la dynamique migratoire ces deux dernières décennies.
Les transferts des marocains résidents à l’étranger (MRE) qui ont connu une forte progression en 2001 ont enregistré un léger ajustement à la baisse pour se stabiliser, au terme de l’année 2002, à 35,5 Milliards de DH. Se positionnant comme le second poste de recettes en devises après celui des exportations, ces transferts ont dépassé de 40 % les recettes de tourisme et ont couvert ces deux dernières années plus de 80 % du déficit commercial. Impulsés dans un premier temps par l’avènement de la monnaie unique européenne et bénéficiant, par la suite, de l’avantage procuré par l’évolution de la parité monétaire entre le Dirham et l’Euro, les envois de la communauté marocaine à l’étranger se sont non seulement consolidés en 2002 mais semblent s’orienter cette année vers une nouvelle hausse qui s’annonce assez importante.
Hausse Soutenue des Transferts MRE au Premier Trimestre
Les données actuellement disponibles portant les quatre premiers mois de l’année situent la valeur globale des transferts à 1 1,3 Millions de DH, en hausse de 10,5 % par rapport à la même période en 2002. Alors que l’on peut considérer que la mise en circulation de l’Euro a eu un effet circonscrit dans le temps et que l’incidence de l’appréciation de la monnaie européenne par rapport au Dirham est maintenant largement atténuée, la progression soutenue des montants transférés par l’émigration marocaine ces deux dernières années ne semble pas tenir à des facteurs incidents ou de nature conjoncturelle. Les transformations qui s’opèrent au sein de la population installée à l’étranger au plan de sa composition intergénérationnelle, les conditions et les statuts de son installation dans les pays d’accueil et surtout ses comportements déterminent dans une large mesure les nouveaux rapports au pays d’origine et partant les flux financiers qui les sous-tendent. L’approche prévisionnelle, pour gagner en pertinence, doit intégrer ces différents éléments pour déceler les tendances futures sur la base d’une bonne compréhension des facteurs agissant sur ces flux et leur intensité.
Se situant autour de 2 Millions de personnes selon les estimations qui remontent à l’année 1999, la communauté marocaine à l’étranger n’a cessé de croître depuis lors, malgré le ralentissement significatif du flux migratoire, pour atteindre actuellement une population totale avoisinant 2,3 millions d’émigrés. Cette population qui s’est établie dans sa grande majorité dans les pays de l’Union européenne se concentre plus particulièrement dans six pays européens, à savoir la France, les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. La communauté marocaine installée dans ces pays représente 78 % de la totalité de la population à l’étranger. La France qui a été pendant longtemps la destination privilégiée de l’émigration marocaine accueille actuellement, à elle seule, 39 % de la population marocaine à l’étranger et près de 50 % de la population établie au sein de l’Union européenne. On soulignera cependant que les flux migratoires vers l’Europe ont connu des inflexions assez marquées ces deux dernières décennies en faveur des pays de l’Europe du Sud, particulièrement l’Italie et l’Espagne, qui ont progressivement pris le relais des destinations traditionnelles de l’émigration marocaine. La part de la population émigrée dans les pays arabes, autre destination d’importance, reste relativement limitée et ne dépasse guère 14 % de la population marocaine à l’étranger dont la majorité se trouve concentrée en Algérie et en Libye. Enfin, les pays d’Amérique accueillent au total près de 5 % de la population marocaine à l’étranger, soit quelque l 20 milliers de personnes réparties presque à égalité entre le Canada et les Etats-Unis, deux nouvelles destinations exerçant une forte attractivité sur les jeunes se prévalant de compétences scientifiques et techniques.
Le Nouveau Profil de l’Emigration Marocaine
La dynamique migratoire marocaine vers l’Europe a produit, au fil des années, une communauté d’immigrés qui est actuellement loin de constituer un bloc monolithique. D’abord au plan des générations, la population marocaine à l’étranger issue de plusieurs vagues migratoires est constituée actuellement à hauteur de 40 % de migrants ayant une ancienneté dépassant 25 années et près du quart dont l’ancienneté varie entre 15 et 25 ans. La population des MRE constitue par conséquent un corps faisant cohabiter plusieurs générations développant des comportements, au sein du pays d’accueil et vis-à-vis du pays d’origine, de plus en plus différenciés. Ensuite, au plan de la composition, selon le genre, la féminisation progressive de la population marocaine à l’étranger au début des années quatre-vingt avec la vague liée au regroupement familial mais aussi à l’autonomisation de l’émigration féminine a poussé vers l’éclosion de cellules familiales et surtout la stabilisation de la population émigrée dans le pays d’accueil. Enfin, le profil nouveau de la population émigrée composée essentiellement de jeunes se prévalant de diplômes et de qualifications professionnelles à différents niveaux, contraste nettement avec le travailleur sans qualification qui a dominé le flux migratoire des années soixante. A travers la migration, la nouvelle génération est à la recherche d’opportunités lui permettant un plus grand épanouissement tant au plan individuel que social. La nécessité de réussir le projet d’émigration induit forcément des changements d’attitude au sein de la population émigrée avec des implications certaines sur le pays d’origine.
L’évolution des transferts effectués par le MRE tout au long des deux dernières décennies traduit en quelque sorte les transformations qui se sont opérées au sein de cette population tant au plan de sa répartition entre les pays d’accueil qu’au plan de sa composition par générations ou par catégories socioprofessionnelles.
Même si la plus grande partie des transferts provient toujours de l’émigration installée en France, en Belgique et aux Pays-Bas avec un montant global de près de 21 Milliards de DH en 2001 représentant 56% des transferts reçus cette année, on assiste depuis la décennie quatre-vingt-dix à l’émergence de nouveaux foyers d’émigration émetteurs de flux financiers en nette progression. Cette tendance qui résulte des changements intervenus
dans la répartition de la population émigrée en Europe selon les pays intéresse tout particulièrement l’Italie et l’Espagne. Les transferts reçus des marocains installés en Italie, dont la part dans les transferts globaux ne dépassait guère 4 % au début des années quatre-vingt-dix ont atteint 5,8 Milliards de DH en 2001, soit près de 16 % du total. Suivant la même tendance, les flux financiers
en provenance de la migration en Espagne qui étaient insignifiants jusqu’au milieu de la décennie précédente ont fortement progressé ces dernières années pour se situer à 1,9 Milliards de DH en 2001, en hausse de 28% par an entre 1990 et 2002.
D’autres foyers d’émigration, considérés traditionnellement comme secondaires, commencent aussi à prendre de l’importance du point de vue des flux financiers émis et concernent plus particulièrement les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Les envois de la communauté marocaine installée dans ces deux pays ont
totalisé 3,8 Milliards de DH en 2001, soit plus de dix fois le niveau de ces envois en 1990. Enfin, les envois en provenance des pays arabes se limitent pour l’essentiel aux flux financiers reçus de l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis dont le montant global s’est établi en 2001 à 1,3 Milliards de DH, soit 3,4% du total.
Hausse Prévisible des Transferts de 4,9%
Par ailleurs et à côté des facteurs à caractère structurel agissant sur les comportements à terme, la configuration intra-annuelle fait apparaître une saisonnalité assez marquée des transferts des MRE qu’il importe de prendre en considération dans toute approche prévisionnelle à horizon temporel rapproché. La saison estivale et plus particulièrement le début de l’été connaît régulièrement le flux financier le plus important de l’année induit par la période des vacances. Les transferts enregistrés durant le troisième trimestre de l’année dépassent généralement la moyenne de près de 30 %. Pour les autres saisons de l’année, le montant de ces transferts s’établit bien en deçà de la moyenne trimestrielle et représente une proportion se situant entre 80 % et 90 %. La prise en compte des fluctuations saisonnières des envois de fonds par les MRE permet de mieux cadrer la prévision des transferts cumulés en fin d’année à travers la procédure d’étalonnage. L’application de cette procédure aux données actuellement disponibles à fin Avril donne un montant prévisionnel des transferts MRE de 37,2 Milliards de DH au terme de l’année 2003, en hausse de 4,9 % par rapport à l’année précédente.
Al Bayane
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