Les raisons de la résistance des transferts des MRE à la crise sanitaire
Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont connu une baisse de 3% à fin juillet en dépit de la crise sanitaire liée au coronavirus. En voici les raisons.
Face à la hausse des coûts des transferts, causée par la crise sanitaire et le confinement, Iñigo Moré, enseignant à Berkley et fondateur de REMESAS.ORG, lance un appel à l’intervention des autorités de régulation pour protéger les émigrés contre la hausse des coûts de transferts.
Abordant la question liée aux coûts des transferts, l’expert Iñigo Moré a rappelé que les crises sanitaire et économique ont un impact lourd sur les transferts de fonds, surtout en provenance d’Europe vers les pays qui en dépendent comme le Maroc. Selon le spécialiste, les transferts en provenance d’Europe ont baissé de 30 % en mars par rapport à février et baisseront en avril de plus de 50 % par rapport au mois précédent. "Depuis les deux autres pourvoyeurs de devises, le Golfe et les USA, les transferts ont légèrement baissé parce que ces pays sont à un autre stade de l’épidémie sans précédent dans l’histoire des transferts. La raison principale est due à une crise de l’offre, suivie d’une crise de la demande", a-t-il clarifié.
Pour justifier la situation, il rappelle qu’au début de cette même crise, la moitié des points de départ de fonds en Europe, plus de 100 000, selon l’autorité bancaire européenne, ont été fermés. A cela s’ajoute le problème de quelques grandes sociétés de transfert de fonds qui ont failli ou sont sous l’intervention des banques centrales. Face à cette situation, certaines sociétés de transfert de fonds ont saisi l’occasion pour augmenter les prix, surtout pour les services en ligne, précise l’expert.
Pour juguler cette crise sans précédent, Iñigo Moré préconise une réaction forte des autorités pour empêcher la hausse abusive des prix des transferts et garantir une concurrence loyale entre les opérateurs, qui empêcherait l’émergence de parts de marché dominantes. "Il est possible d’agir sur le taux de change selon les différents modèles du Pakistan ou du Bangladesh. Le premier a réduit le coût des transferts ; le deuxième offre un taux de change bonifié comme une aide sociale en plus pour renforcer les envois formels."
Poursuivant son développement, il soutient également que la technologie pourrait aider avec la mise en place de solutions basées sur la directive européenne de monnaie électronique, qui pourrait permettre des transferts wallet-to-wallet Europe-Maroc. "Les transferts sont stratégiques pour le Maroc. Ils sont sous la régulation des autorités, tant pour l’envoi que pour la réception. Une coordination avec la Banque de France, Banco de España ou la Banca d’Italia pourrait être une solution permettant d’agir tant sur l’origine que sur la destination".
Aller plus loin
Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont connu une baisse de 3% à fin juillet en dépit de la crise sanitaire liée au coronavirus. En voici les raisons.
Les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger ont progressé de 2,2% à fin septembre pour un montant évalué à près de 50 milliards, selon l’Office de changes.
Les recettes des Marocains résidant à l’étranger se sont établies à 59,65 milliards de dirhams durant les onze premiers mois de l’année, annonce l’Office des changes.
Ces articles devraient vous intéresser :