Les professionnels marocains du textile expriment leur mécontentement face à l’invasion sur le marché marocain de produits importés d’Égypte et de la Turquie. Ils dénoncent une concurrence déloyale, créant un déficit commercial record en faveur de ces deux pays. Selon les données actualisées de l’Office des changes, les importations marocaines en provenance d’Égypte sont passées de 475 millions de dirhams en 2023 à 804 millions à fin novembre 2024, tandis que les exportations marocaines vers l’Égypte ont dégringolé de 17 millions à 11 millions de dirhams.
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Le déficit commercial avec l’Égypte a atteint 98 %, une situation qui inquiète Anass Al Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). Dans une déclaration à Hespress, il explique qu’investir « dans le textile est devenu risqué et largement compromis par les accords de libre-échange avec l’Égypte et la Turquie, sans compter l’importation massive de vêtements d’occasion ». Le responsable craint une inondation du marché local par des produits textiles turcs, indiquant que l’organisation d’un salon du textile turc à Casablanca, lancé par l’ambassadeur turc au Maroc, est en la preuve supplémentaire.
Face à cette situation, les professionnels marocains du textile appellent à la réévaluation des accords de libre-échange et à l’adoption de mesures restrictives sur les matières premières, les certificats d’origine et les quantités importées, soulignant que l’invasion de produits turcs et égyptiens a des impacts négatifs sur les exportations et les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), ainsi que sur l’emploi. Le secteur représente 24 % de la main-d’œuvre industrielle, avec 238 000 travailleurs déclarés à la caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), rappelle-t-on.
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Wadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), encourage pour sa part les industriels marocains à mettre tout en œuvre pour offrir des produits compétitifs en termes de qualité et de prix. Quant aux consommateurs, il les a invités à préférer les produits « Made in Morocco ». Le responsable a par ailleurs mis en garde contre « les pratiques de certains importateurs, qui inondent le marché avec des produits de moindre qualité à bas prix, au détriment de l’industrie locale », exhortant les autorités à renforcer les contrôles sur les textiles importés, afin de préserver les droits des consommateurs et des producteurs nationaux.