Les témoignages de familles anéanties par l’attentat du 14 juillet à Nice se succèdent à la barre au palais de justice de Paris depuis plusieurs semaines. Mathieu Bousfiha, 27 ans, a livré son histoire vendredi. Il était sur la Promenade des Anglais le soir de l’attentat avec son père Adib, sa mère Céline et sa petite sœur. Ses deux parents étaient en situation de handicap physique. La mère était hémiplégique du côté droit depuis des années et le père était atteint de myopathie et se déplaçait en fauteuil roulant, a-t-il confié à la barre.
La famille, ayant quitté Beaucroissant en Isère pour passer quelques jours à Nice, s’est rendue sur la Promenade des Anglais pour admirer le feu d’artifice. Alors qu’ils se dirigeaient vers le parking où était garée leur voiture, sa sœur a aperçu le camion qui fonçait droit dans leur direction. « Dans un réflexe automatique, j’ai poussé ma mère d’un côté, ma sœur de l’autre et moi, j’ai sauté du côté de ma sœur… J’ai le temps de me retourner et le camion tape mon père. J’ai encore le bruit de l’impact métallique sur le fauteuil de mon père », raconte-t-il.
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Après le passage du camion, Mathieu et sa sœur retrouvent le corps de leur père. « Je vous épargne l’état », dit-il à la cour. Ils cherchent ensuite leur mère en vain, avant de se décider à se mettre à l’abri. Ils sont accueillis par un jeune couple. Depuis la perte de ses parents, Mathieu a complètement changé. Âgé de 21 ans seulement au moment des faits, il a dû mener une série de formalités administratives liées au décès de ses deux parents, malgré la douleur de leur perte dans des conditions aussi tragiques.
Le jeune homme a organisé les funérailles de son père au Maroc et le rapatriement du corps de sa mère à Lyon pour son enterrement aux côtés de son père. Il assiste aussi sa petite sœur de 18 ans qui doit faire sa rentrée en classe préparatoire à Orléans. Mais aujourd’hui, leur relation s’est totalement dégradée, au point où ils ne se parlent plus et ne se voient plus. Mathieu poursuit ses études d’ingénieur pour obtenir son diplôme. Mais que faire après ? Le jeune homme « s’en fout », marqué à vie par la perte de ses parents.