Smail Nabi emprisonné en Algérie : sa famille se bat pour sa libération

2 décembre 2023 - 20h00 - France - Ecrit par : S.A

Quelques mois après le drame de Saïda, le Franco-marocain Smail Nabi, l’un des rescapés arrêté, puis condamné en Algérie, vit dans des conditions carcérales pénibles. Sa famille se bat pour le faire sortir de prison.

Des vacances qui tournent au cauchemar et au drame. Le 29 août, la marine algérienne a tué deux des quatre jeunes vacanciers – trois Franco-Marocains et un Marocain – qui s’étaient égarés sur leurs jet-skis dans l’espace maritime algérien près de la station de Saïdia. Un pêcheur a retrouvé le corps de Bilal Kissi, âgé de 29 ans, et ressortissant franco-marocain, flottant du côté marocain. Le corps d’Abdelali Mechaouer, âgé de 40 ans et de nationalité marocaine, a été repêché le lendemain dans les eaux algériennes et dirigé vers la morgue de Tlemcen. Touché, Smail Nabi, également Franco-Marocain, a été arrêté et détenu par l’Algérie qui l’accuse d’être entré illégalement sur son territoire jusqu’à sa condamnation. Quant à Mohamed Kissi, il a été sauvé par les garde-côtes marocains qui étaient à leurs recherches.

À lire : Franco-marocains tués à Saïdia : l’Algérie condamne l’un des rescapés

Jugé en comparution immédiate le 30 août devant le tribunal de Bab El-Assa, Ismail Snabi a écopé de trois mois de prison ferme pour « entrée illégale » sur le territoire algérien. Ce jour-là, il a été présenté « torse et pieds nus » devant la cour, assure au Monde son épouse qui lui a récemment rendu visite à la prison de Maghnia, dans l’ouest du pays. « Il était parti pour s’amuser, il n’avait que son maillot et un gilet de sauvetage en mer », précise Israa Snabi, 27 ans. Le procureur de la République et elle ont fait appel. Peine perdue. La peine a été confirmée lors du procès en deuxième instance à Tlemcem, le 24 septembre, durant lequel il a été jugé en vidéoconférence. Par la suite, une nouvelle peine est infligée à ce contrôleur technique automobile de 27 ans, travaillant à Bondy et habitant à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dont le casier judiciaire ne portait mention d’aucune condamnation.

À lire : Marocain tué à Saïdia : l’Algérie pose ses conditions

Jugé pour « délit de contrebande d’un véhicule », il écope le 6 septembre de six mois d’emprisonnement ferme – le parquet avait requis trois ans ferme – et 15 millions de dinars d’amende (100 000 euros), soit cinq fois la valeur du jet-ski, selon les douanes, qui se sont portées partie civile. Il lui est reproché d’avoir traversé la frontière maritime sans les documents du scooter des mers (qui appartient à Mohamed Kissi). Son épouse et le procureur de la République ont une fois de plus interjeté appel. Snabi voit sa peine s’alourdir en appel : un an de prison ferme. Le Franco-marocain n’a pu se pourvoir en cassation sur ces deux affaires. « On a dépassé les délais, soupire son épouse. Il ne sortira pas de prison tant qu’il n’aura pas payé l’amende. » Si le détenu reconnaît, lors de ces quatre procès, être entré « par erreur » en Algérie, il assure que « sa tentative d’échapper aux mains des forces navales algériennes » était « le résultat de la peur ».

Depuis, Israa Snabi mène des démarches pour faire sortir son époux de prison. Celui-ci serait placé dans d’une cellule avec une vingtaine de personnes. « Il m’a dit qu’il dort parfois par terre, soupire son épouse. Aujourd’hui, il n’est pas bien. Il a perdu une vingtaine de kilos, alors qu’il est un peu “bouboule”. C’est même son surnom. Je vais tout faire pour le faire sortir. » Israa a adressé une correspondance à Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères pour qu’on lui accorde une audience. Sans réponse. « Je me suis déplacée au Quai d’Orsay deux fois avec mes enfants, assure-t-elle, mais je n’ai pu voir personne. » La mère de famille a alors adressé une lettre à Emmanuel Macron. « Attentif à votre démarche, je n’ai pas manqué de rappeler vos attentes [à Mme Colonna] que j’avais précédemment saisie », lui a répondu le président de la République, le 17 novembre, par l’intermédiaire de son chef de cabinet, Rodrigue Furcy. « Oui, mais la France ne fait rien, résume-t-elle. Mon mari n’a même pas reçu la visite du consul en prison. »

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