La construction du siège coûtera au parti 38,5 millions de dirhams. Or selon les rapports déposés auprès de la Cour des comptes de Driss Jettou, les ressources du parti ne dépassent pas les 37,49 millions de dirhams. Le parti explique ce dépassement par les devoirs d’engagement et de contribution, qui s’élèvent à 21,21 millions de dirhams, et la contribution de l’État, qui s’élève à 15,81 millions de dirhams. Parmi les dépenses figure également l’acquisition d’immobilisations pour un montant de 10 millions de dirhams en 2019, rapporte Hespress.
Le caractère luxueux du siège et le fait qu’il sera implanté dans un quartier huppé créent quelques malaises au sein même du parti. L’un des membres actifs du PJD, Mohamed Amine Dahawi, n’a pas manqué de dire le fond de sa pensée sur sa page Facebook. Pour lui, au lieu d’un bâtiment luxueux dans un quartier huppé, le parti devrait « construire une institution partisane forte, avec la nécessité de préserver l’indépendance de ses décisions et de renforcer les institutions, prendre une nouvelle direction capable de relever les enjeux… de corriger tous les défauts, de renforcer, et de maintenir la continuité du projet pour lequel nous nous sommes rassemblés ».
De son côté, Mustpaha Grine, président de l’Observatoire marocain pour la justice sociale, a noté que la malédiction du quartier de Hay Riyad a frappé le parti de la lampe. L’homme a noté qu’en lançant les travaux de construction de son siège dans ce quartier, le parti passe à côté de tout ce qui a été sa bataille depuis sa création. « Le PJD a forgé un chapitre charnière dans l’histoire politique et partisane du Maroc, et s’est construit sur la base de sa proximité avec les gens et de sa présence dans les bidonvilles et douars auprès des pauvres et des marginalisés, pour passer rapidement des douars aux dawawines et abandonner tout cela en un temps record qui ne dépasse pas quelques années de gouvernance », rapporte Hespress.
Il ajoute que « le Parti de la justice et du développement a pris le sens inverse de celui de ses débuts, et ne sait ni pourquoi il a été créé ni où il se dirige, s’acharnant sur les postes et les nominations et accumulant un équilibre sans précédent d’échecs et de déceptions du citoyen marocain ». Mustapha Grine a souligné qu’il est surpris de constater que le parti a « lancé les travaux de son siège au plus fort de la crise du Coronavirus et de la souffrance des Marocains »