Maroc-Algérie : quelles concessions après la décision historique de la France ?
La reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara suscite des réactions positives de la part des politologues.
La reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara n’est pas du goût de l’Algérie. Elle a mobilisé le Parlement, les partis politiques et les médias algériens contre la décision française.
Avant l’annonce officielle par la France de la reconnaissance de la marocanité du Sahara ce mardi, l’Algérie a attaqué Paris et tenté de la dissuader par tous les moyens. Dans un communiqué publié jeudi dernier, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa « profonde désapprobation » face à cette décision « inattendue, inopportune et contre-productive ». Alger a dénoncé un « calcul politique douteux » et une « caution à un fait colonial », entravant les efforts de paix dans la région. L’Algérie ne s’est pas contentée d’un communiqué. Elle a également mobilisé le Parlement, les partis politiques et les médias contre la décision française. « La décision honteuse prise par le gouvernement français concernant la question du Sahara occidental va à l’encontre de la scène diplomatique mondiale habituelle », a affirmé le Conseil de la nation dans un communiqué.
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Pour la deuxième chambre du parlement algérien, cette décision n’est ni plus ni moins une « déviation » et une « prise de risque non garantie ». Elle représente « une mauvaise évaluation et une faillite de gestion, constituant un assassinat moral des efforts onusiens qui placent ce dossier, depuis des décennies, sur la table de la décolonisation, une illustration claire d’une transgression sans précédent des normes et de la scène diplomatique mondiale en consacrant l’échange des principes contre des intérêts », ajoute-t-elle. Cette décision représente aussi « une transgression par la France officielle de ses engagements en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et une violation de la légitimité internationale liée à la responsabilité du Conseil de sécurité et de ses membres permanents dans l’application de l’accord de 1991, conformément aux décisions des Nations Unies et aux exigences du droit international », a également dénoncé le Parlement algérien.
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Certains partis algériens proches du « Palais d’El Mouradia » s’alignent eux aussi derrière la position du gouvernement algérien. Le Front de libération nationale (FLN) a exprimé son « indignation ». Pour ce parti, la décision du gouvernement français constitue une « nouvelle provocation de l’Algérie dans le cadre de l’obstruction par la France du processus et des efforts de la communauté internationale pour appliquer la légitimité internationale ». Cette décision « n’aurait aucun effet juridique tant que la seule demande du peuple sahraoui est l’indépendance et la récupération de la souveraineté sur l’ensemble du territoire de la République sahraouie », ajoute le FLN dans un communiqué. Pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), la décision française est « contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et aux différentes conventions internationales ». Elle « porte atteinte aux valeurs de l’humanité, de la démocratie et au respect de la souveraineté des peuples pour récupérer leurs terres et construire leurs nations », affirme-t-il dans un communiqué.
Le Rassemblement national démocratique (RND) abonde dans le même sens. Dans un communiqué, il dit avoir reçu la décision du gouvernement français « avec tristesse et étonnement ». La formation a également dénoncé « fermement cette décision suspecte et complice, qui va à l’encontre des résolutions des Nations Unies ».
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